Je n’ai pas encore pris le temps de bien compter tous les billets d’embarquement pour le Top 14 en provenance de l’Afrique du sud, mais la liasse est épaisse. Une vingtaine, au bas mot. Et pas de petits calibres. Que du gros poisson. Des champions du monde à le pelle, des têtes de gondole, de quoi faire frémir les travées. N’appelez pas le standard de la Ligne nationale de rugby, il est surboké.
Tout a commencé avec Joe Van Niekerk, si je ne m’abuse, docteur. Et le mal est grave. Demain, c’est à dire le 15 août, il faudra parler afrikaaner dans les rucks pour se faire comprendre. Joe, parfaitement bien intégré à Toulon, est devenu le maître étalon or, la référence du nouvel eldorado. Dans le Top 14, il a fait passer le message, il y a des pépites à gagner en passant une année sympa dans l’une des meilleurs compétitions du monde. Dont acte.
Le Championnat de France n’est cependant pas une maison de retraite. Ca hougne, ça bastonne. Ca joue rude. Raison de plus pour que les Sud-Africains l’apprécient, notre Top 14 ! Il a tout pour plaire à des joueurs de devoir, des rugueux qui s’inscivent dans le sillage du deuxième ligne international toulonnais Bakkies Botha, devenu l’incontournable figure du RCT.
Elle est solvable, surtout, cette compétition ! Et c’est un sacré atout. Les clubs français, principalement Bordeaux, Toulon, Bayonne, Paris, le Racing, Perpignan et Toulon, n’ont pas de souci de trésorerie. Contrairement aux franchises galloises et aux provinces irlandaises qui, on le sait, peinent désormais à boucler leurs budgets. Du coup, la destination est toute trouvée : ce sera le pays des cuisses de grenouilles et des bonnes vieilles générales.
Oui mais voilà, on fera quoi quand le Top 14, mangé à la sauce sudaf, sera devenu une annexe de la Currie Cup ? Quand l’affrontement ressemblera au passage d’un rouleau-compresseur ? Quand tous les protestant de l’hémisphère sud, qui ont d’abord commencé par émigrer vers Perth et l’Australie dès l’élection de Nelson Mandela reviendront sur la terre de leurs ancêtres ? Quand le bok aura remplacé le coq sur le blason rouge sur fond bleu ?
Ils se prénomment Juandré, Bryan, Jan, Bismark, Johan, Juan, Adriaan, Danie… Comme Danie Rossouw (cf photo). Demain, ils vont changer la face du rugby français. Et une fois cette vingtaine de grands noms installée dans le Top 14, rien ne pourra empécher l’Afrique du sud de devenir la grande puissance régnante de l’hémisphère nord. Comme le fut l’Argentine il y a peu. C’est la loi du marché. A 400 000 euros par saison. Et par tête de bok.