Dimitri Yachvili, ici à l’entraînement, prêt à dépanner, s’il le faut, à Twickenham…
J’ai attendu et puis quoi ? Philippe Saint-André a rappelé Christophe Samson, une sélection, et convoqué le Sud-Africain Antonie Claassen, fils d’un ancien capitaine Springbok connu pour ses opinions anti-apartheid à une époque, 1980, où le rugby sud-africain était dirigé en sous-main par les membres du Broederbond, groupuscule ovale de Boers pro-white power. Samson et Claaseen, avec Nyanga, Clerc et Domingo, voilà pour l’opération commando…
Vous, je ne sais pas encore, et vous allez certainement l’exprimer dans ce blog, mais moi je trouve ça léger pour partir à l’assaut de la forteresse Twickenham, ainsi que les Anglais ont baptisé leur stade… J’imaginais l’appel au sauvetage de la patrie, la nation en danger, la mobilisation des anciens, l’affectif, les trémolos, roulez tambours ! Au lieu de quoi, un communiqué de presse, deux sparadraps sur la gangrène et en avant Guingamp ! Direction la gare de Waterloo…
Je voyais bien Philippe Saint-André descendre à Biarritz pour discuter avec Dimitri Yachvili autour d’un jambon-pipérade afin de le convaincre d’accepter une pige, juste pour le 23 février. Twickenham, c’est son jardin, il y a découpé la Rose en fauchant les pénalités du pied gauche, Dimitri! Le lendemain, le coach rencontrait Imanol Harinordoquy, dont la carrière n’est pas encore terminée, pour lui proposer un one-shot contre les Anglais, ses ennemis préférés. Et ensuite, direction Toulouse.
Parce que dans la cité rose, ce ne sont pas seulement Yannick Nyanga et Vincent Clerc, magifiques joueurs, dont le XV de France a besoin pour monter au front mais d’un démineur et là, pas meilleur que William Servat. Il suffit d’avoir l’accord de M. Novès et hop, c’est dans la poche. La Bûche a déjà joué en Top 14, marqué un essai. Ses adversaires considèrent qu’il est toujours le meilleur talonneur de France. Ce n’est pas un match de plus ou de moins qui va changer quoi que ce soit : William Servat est resté joueur, le Stade Toulousain ne s’en plaint pas.
Au passage, il aurait pu facilement contacter Yannick Jauzion pour faire la paire avec Wesley Fofana, vu que ni Mermoz ni Fritz n’ont ses faveurs. Et filer plein nord, vers Clermont, puis Lyon. Pourquoi Clermont ? Pour y voir Aurélien Rougerie et Julien Pierre, et leur demander d’apporter, l’un sa dimension physique, son charisme et son expérience; l’autre sa rudesse et son appétit, lui qui n’est même pas titulaire à l’ASM. En équipe de France, quelle importance ! On sait depuis Marcel Communeau (qui jouait en équipe 2 du Stade Français) et Jean-Pierre Rives (en Nationale B du Racing-Club de France) que les légendes du XV de France n’obéissent pas aux règles communes.
Restait à ralier Lyon, terme du périple. Dans un bouchon qu’il connait bien, réservé par son frère Raphael, PSA se serait solidement attablé face à Lionel Nallet, dont les performances en Pro D2 ne sont pas ridicules. Nallet, ancien capitaine mais pas si vieux, garant des vertus de combat, prêt à laisser une épaule sur la pelouse de Twickenham pour passer sous l’Arc de Triomphe ; Nallet autour duquel rassembler en l’absence de Pascal Papé, son petit frère d’armes.
En 1993, quand il entraînait Grenoble, Jacques Fouroux avait accepté que je monte en voiture avec lui pour effectuer le trajet entre Auch et Grenoble. Et pourtant, avec Furax, qu’est-ce qu’on a pu s’engueuler, se contredire, s’opposer. Mais aussi rire, avant d’écouter Reggiani. Là, je me voyais bien dans l’automobile de PSA (je sais, elle est facile) pour ce grand tour des anciens et vous raconter tout ça ensuite. Mais l’heure est au sms. Pas au casse-croute arrosé pour faire tomber les dernières barrières.
Imaginez un peu la gueule du XV de France ! Huget – Clerc, Fofana, Jauzion, Rougerie – (o) Parra, (m) Yachvili – Harinordoquy, Picamoles, Dusautoir – Nallet, Pierre – Mas, Servat, Domingo. Imagnez le buzz (parce que sans buzz point de salut, hein ?), les gros titres, les éditos, les reportages, les débats… Fouroux l’avait osé en 1982, rappelant Dospital, Imbernon, Revailler, Papremborde, Berbizier, Gabernet, Fabre… Une vraie opération commando, celle-là, pour éviter la cuiller de bois. Face à l’Irlande, au Parc des Princes. Victoire 22-9. Précision : l’rlande, nation dominante du moment, débarquait à Paris pour le Grand Chelem.
P.S.: les internautes qui souhaitent commenter ici, sur ce blog, peuvent-il écrire sous leur vrai nom ? Anonyme et pseudo, c’est pas très « valeur rugby ». J’aime savoir qui je lis et à qui je réponds. Et puis ça fera un peu différent du reste du flux internet, un truc à nous, quoi.. Une communauté de l’ovale.