Comme vous, j’ai remarqué l’absence des titulaires toulonnais au stade des Alpes. Enfin, pas au début du match. Parce qu’à ce moment-là, j’ai apprécié un RCT lumineux, emmené par un magnifique Matt Giteau, pour une demi-heure de pure magie créée par les remplaçants et les doublures, au diapason. Et puis ce fut l’absence. Au sens du trou. Comment peut-on perdre une rencontre quand on mène 24-9 à la 50ème minute ? Ca restera un mystère. Sauf à concevoir que les deuxièmes et troisièmes choix varois, qui n’ont disputé que quatre-cinq matches dans la saison, avaient les jambes un peu gourdes sur la fin, les muscles tétanisés et le souffle court.
Une autre absence d’importance, lors de la 25ème journée de Top 14, et elle est double. Quand on perd quasiment dans le même laps de temps un demi de mêlée (Benoit Paillaugue, 38e) et un troisième ligne centre (Johnny Beattie, 40e), difficile de garder un cap. Ces deux-là sont, avec l’ouvreur, à la barre d’une équipe. Dans la vague bayonnaise, Montpellier, réduit à treize, a payé cher (treize points) l’indiscipline et les fautes de ses skippers. Dans le rugby contemporain, l’absence pour cause de carton jaune pèse lourd au tableau d’affiche. Les Héraultais en ont fait l’amère expérience sur les berges de l’Adour.
Absence remarquée, enfin, celle de jeu. Chez les Toulousains. Pendant quarante minutes. Celles de la première période. Et pendant vingt-cinq minutes, plus diffuses celles-là, en seconde. Je m’explique. Première attaque. Elle est toulousaine. Mais elle se conclut par une chandelle au milieu du terrain. Récupération clermontoise, contre-attaque immédiate, essai de Fofana. On joue depuis quarante secondes. Depuis le temps – deux saisons au moins – que je répète dans ce blog et sur l’antenne de L’Equipe 21 que le Stade Toulousain a perdu le rugby qui a fait sa force et sa gloire, moi qui suis fan du jeu à la main, le choc au sommet entre Clermont et Toulouse, samedi dernier, ne fait que confirmer ce constat.
Les absences ne sont pas toutes nocives ni négatives, il y en a de belles, d’élégantes, de subtiles, qui nous rappellent que les époques révolues peuvent surgir à tout moment pour notre plus grand bonheur et faire mouche, toucher là où ça fait du bien et s’avérer bénéfiques pour tout le monde. Je veux parler de l’absence de sponsors sur un maillot. C’est ce qu’a choisi de nous offrir l’Aviron Bayonnais, samedi dernier. Putaing que c’était beau ! Un maillot vierge de toute marque, si ce n’est l’emblème du club… Une riche idée, M. Afflelou. Pour ça, merci. Je suis revenu quinze ans en arrière. C’est sympa de rajeunir.
No logo. A l’heure de la pub partout, du payant institué, du consumérisme érigé en philosophie de vie, à l’heure des partenaires qu’il faut remercier, des sponsors sans lesquels on ne peut, soi-disant, pas exister au plus haut niveau, l’Aviron Bayonnais a marqué les imaginations avec son maillot vintage d’un pur Ciel et Blanc. Et au bout la victoire. Il y a des jours, comme ça, le succès sourit à ceux qui se dépouillent.
Pour finir, il n’y avait pas que des absents, le week-end dernier : 41 000 spectateurs au Stade de France pour Stade Français – Racing-Métro ; 33 000 à Chaban-Delmas pour Bordeaux-Bègles – Biarritz ; 20 000 au stade des Alpes pour Grenoble – Toulon et, selon une bonne habitude, 18 000 à Marcel-Michelin pour Clermont-Toulouse et 15 000 à Jean-Dauger pour Bayonne-Montpellier. Le rugby cartonne. Il y aura toujours des pisse-vinaigre pour railler ses «valeurs» mais à la bourse des sports, l’ovale remplit indiscutablement les corbeilles.