Quel point commun y a-t-il entre Lille et le Kenya ? A priori par grand-chose et pourtant… Le Kenya se révèle au plus haut niveau international tandis que Lille se prépare à rejoindre la ProD2. Les Kenyans ont perdu de peu la « petite finale » du tournoi à 7 de Londres, dimanche, face à l’Angleterre et Les Lillois affronteront Bourg-en-Bresse, en demi-finales aller-retour de Fédérale 1 pour rejoindre l’élite française.
Il n’y a pas de bon bec que dans le sud-ouest. Même si on y mange bien, et parfois mieux qu’ailleurs. Ah, déguster la tête sous le chiffon des petits oiseaux du coté de Peyrehorade avant de terminer le repas par un Armagnac hors d’âge… Mais ce n’est pas le sujet. Regardons plutôt le tableau des demi-finales de Fédérale 1 pour constater, donc, que Lille ou Bourg sera en Pro D2, la saison prochaine. Le rugby d’élite monte, monte…
Pour contrebalancer la descente de Massy, club de banlieue parisienne, en Fédérale 1, il serait bon que le rugby s’approprie enfin tout le territoire français. Car à la longue, c’est très désagréable de s’entendre dire par des béotiens que le rugby n’est qu’un sport régional, confiné dans des provinces qui ressemblent à des terroirs, et que ses clubs d’élite sont souvent regroupés dans des enclaves.
A l’échelle mondiale, c’est aussi le cas, malheureusement : le rugby à quinze vit à travers quelques nations anglo-saxonnes, une poignée de Latins et un chapelet d’îles océaniques. Depuis 1987, se dispute la Coupe du monde, mais le monde n’y est pas représenté. Il n’y a aujourd’hui que le rugby à 7 pour avoir une surface portante élargie à tous les continents. Le World Seven Series, qui vient de se terminer à Londres, le week-end dernier, devant 72 000 fervents réunis à Twickenham, peut nous en convaincre.
A notre toute petite échelle, on voit bien que Nevers, soutenu par un mécène du textile et déjà en configuration professionnelle, se présente sérieusement aux portes de la ProD2. Lille, sous la houlette de l’ancien trois-quarts centre international Pierre Chadebech, peut y accéder dans quinze jours. Massy, club formateur (Marlu, Lamboley, Millo-Chluski, Marchois et Bastareaud sont passés par l’Essonne) a les moyens d’y revenir. Oyonnax sera bien, lui, en Top 14, la saison prochaine quand Lyon promettait de l’accompagner… Tout cela nous parle.
Certes, impossible de forcer les choses, mais à l’évidence, l’avenir du rugby d’élite français se conjugue au nord. Enfin, le nord, disons plutôt au-dessus d’une ligne tracée entre La Rochelle et Bourgoin. Et franchement, quitte à faire hurler les puristes, j’espère que dans un proche avenir, Nantes – qui accueillera bientôt et ce n’est pas un hasard les demi-finales du Top 14 -, Strasbourg, Rennes et Rouen trouveront le chemin du très haut niveau. Question d’envergure.
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