Top pas top


Depuis dimanche soir et l’addition des défaites françaises (Toulouse, Racing-Métro, Montpellier et Perpignan) à l’occasion de la troisième journée de Coupe d’Europe, la question revient régulièrement dans la conversation, qu’elle soit enclenchée avec un spécialiste, un béotien ou un spectateur intermittent. Tout le monde s’interroge, à juste titre.
Cette question, qui ressort du fiasco français le week-end dernier, est multiple, et ses angles d’attaque plus ou moins ouverts : les clubs français ne sont-ils pas cuits par le Top 14 ? N’en font-ils pas trop en Championnat ? Arrivent-ils en H Cup avec l’envie de décompresser ? L’objectif des «grosses écuries» n’est-il pas prioritairement la quête du Bouclier de Brennus ?
Effectivement, il y a de quoi être surpris à la lecture, sèche, des résultats. Plus particulièrement par la défaite de Toulouse face au Connacht et celle du Racing-Métro devant les Harlequins. Le score, serré à Ernest-Wallon et ample à la Beaujoire, ne précise rien si ce n’est l’échec. Il génère de la frustration chez les uns, de l’inquiétude chez les autres. Il témoigne.
Il témoigne d’une suffisance tactique dans les rangs toulousains et d’une insuffisance mentale chez les Racingmen. Comme s’il suffisait de se faire des passes pour franchir, comme s’il suffisait d’aligner une sélection d’internationaux pour construire une équipe. A l’évidence, le Stade Toulousain s’est vu beau – ce qu’il est parfois – tandis que le Racing s’est cru arrivé, ce qui est exact : sauf qu’il est arrivé au terminus des prétentions.
Top 14 et H Cup ne sont pas techniquement, tactiquement et physiquement compatibles, cet hiver : Montpellier et Perpignan se sont fait cueillir à froid comme des cadets, Clermont a dû attendre une heure avant de trouver la bonne carburation. Toulon a bataillé pied à pied, la performance de Castres a été pitoyable, les Champions de France passant d’un rien à côté de l’humiliation d’une défaite dans les dernières secondes.
De la fumée est sortie des séances de debrief et on espère, à suivre, qu’un peu de lumière jaillira des contenus d’entraînement. Après un XV de France en panne de lucidité en novembre (la main de Chouly et le pied de Parra ont coûté cher), Toulouse, le Racing-Métro et Castres cherchent de quoi enflammer leur jeu en décembre. La rupture de niveau est flagrante, presque gênante ; cette saison, le passage d’un championnat domestique à une coupe d’Europe, certes préparé, n’a pas été mesuré.
Reste maintenant à espérer que le fiasco du week-end dernier augure d’un rebond maîtrisé. Castres, Toulouse, Perpignan et le Racing-Métro se doivent d’abord à eux-mêmes une revanche. Elle est attendue. Clermont, fidèle à ses convictions, Montpellier, auteur d’un match spectaculaire face à Leicester et Toulon vainqueur d’un combat contre Exeter, peuvent sans difficulté élever d’un tout petit cran leur niveau de performance. De quoi se dire alors que le rugby de France reste en course.
Dans le cas contraire, il y aura de quoi s’inquiéter, vraiment, et regretter – mais nous n’en sommes pas encore là – que le Top 14, ses millions d’euros investis, ses querelles d’égo, ses stars de papier et ses revendications télé, phagocyte ce qu’on pourrait appeler – je n’ai pas trouvé mieux – un élan vital.

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