Comme beaucoup, vous serez sans doute repus de rugby – et de beau – après avoir vu Munster-Toulouse, puis Clermont-Leicester. A la fois copieux et raffiné, ce menu… Mais, à mon avis, prenez quand même le temps – si on vous le permet – de suivre la rencontre opposant Oyonnax à Bordeaux, le 5 avril, à 20h35. Vous n’y suivrez sans doute pas une orgie de relances mais elle s’avère déterminante pour la suite, passionnante, du Championnat, cette opposition.
Le premier week-end d’avril est réservé aux compétitions européennes. Clermont, Toulon, Toulouse, mais aussi le Stade Français et Brive, sont concernés à divers titres. Reste que ce petit bout de Top 14 vaudra le détour. Pas pour le jeu (encore que) mais vraiment pour l’enjeu. Il permettra à l’USO, qui n’en finit pas de descendre, d’espérer se maintenir en Top 14 en cas de succès. Ou alors donnera des ailes à l’UBB qui n’en finit pas de monter, dans la perspective d’accéder – quelle récompense ! – à la phase finale.
Aujourd’hui, ils sont sept, les clubs d’élite, à pouvoir sérieusement rêver d’une place dans ce Top 6 synonyme de barrage pour les moins bien classés, de demi-finale pour les autres : Clermont, Toulon, Montpellier, Castres, le Stade Français, Toulouse et le Racing-Métro. Mais Bordeaux pourrait empêcher ces cadors de rester entre eux pour l’emballage final. Bordeaux ? Pourquoi pas…. Mais seulement en cas de succès dans l’Ain.
Je laisse la question suivante à votre sagacité : peuvent-ils la décrocher, les Girondins, cette victoire ? Quelques chiffres. Bordeaux s’est imposé deux fois à l’extérieur : à Biarritz et à Bayonne. Il faut croire que la façade Atlantique sourit aux Bordelais. De son côté, Oyonnax a perdu deux fois sur son terrain : le Stade Français et Montpellier l’ont emporté à Charles-Mathon. Pour autant, est-ce que cela nous donne une indication sur l’issue de ce match en retard ? Aucunement.
Je salive – c’est sans doute parce que je reviens de vacances, sevré d’ovale – à l’idée d’assister en spectateur privilégié à la 23ème journée du Top 14. Brive-Clermont ou le derby du centre revisité. Avec l’avènement du professionnalisme et la descente des Corréziens en ProD2, on avait oublié ce que ce choc entre Coujoux et Jaunards contient d’histoires et voilà qu’elles ressurgissent, plus âpres que jamais. Idem pour Toulon-Toulouse, surtout au moment où les Toulousains – qui retrouvent leur jeu de passes – émargent néanmoins à la sixième place sous laquelle rampe le spectre de la non-qualification en phase finale…
Autre derby d’appellation contrôlée : le duel fratricide entre le Stade Français et le Racing-Métro, clubs présidés par des millionnaires mais qui connaissent – je veux parler des clubs – des fortunes diverses. On sent Paris glisser doucement vers le bas et le Racing monter sensiblement vers le haut. Mais ce sentiment ne deviendra une tendance lourde ou une illusion d’optique qu’au coup de sifflet final, samedi, vers 17h… Impossible de dégager un favori tant est fin l’écart qui sépare, actuellement, ces deux équipes en quête d’un destin national.
Et si Castres doit logiquement s’imposer à Biarritz et Montpellier face à Bayonne, nous en revenons toujours à Oyonnax et à Bordeaux – c’était écrit – qui reçoivent respectivement Grenoble et Perpignan, deux adversaires en difficulté qui ont perdu au fil des matches confiance et hargne. Oyonnax et Bordeaux jouent leur avenir, ce futur proche qui les verra s’affronter une semaine plus tard, eux et rien qu’eux, pour remettre à jour un classement en trompe l’œil. Mais le résultat va impacter les positions occupées par le Stade Français, Toulouse, le Racing-Métro et Bayonne. C’est beaucoup, concédez-le, pour un seul match.