Quand la réalité est plus forte que la légende, c’est donc la réalité qu’il faut imprimer. Et celle-ci, de réalité, est assez prégnante pour nous tenir en haleine jusqu’au dernier souffle de la phase régulière. Ce Top 14, avec tous ses défauts – et ils sont nombreux – n’a toujours pas livré ses conclusions. Il nous faudra donc patienter jusqu’à samedi, 16h30, pour enfin savoir.
En attendant l’ultime classement, une certitude suscite déjà notre réflexion : Biarritz sera en ProD2 la saison prochaine tandis que Lyon rejoindra en Top 14. On sent bien derrière ce mouvement de balancier que la prime tombe dans la poche des métropoles, signalant – mais ça on le savait déjà – qu’il n’y aura plus beaucoup de rugby de « villages » dans l’élite, demain.
Toulon, bien placé, monte en puissance match après match ; mais qui sera l’autre protégé des demi-finales ? Clermont ? Même si les Auvergnats ont la tête encore un peu à Twickenham, cassée, fracassée, le record d’invincibilité à (on dit « au » en langue rugby) Marcel-Michelin aura sans aucun doute un effet boostant. Tout autre issue serait dévastatrice.
Qui emportera la bataille de la septième place qualificative – peut-être – pour l’Europe nouvelle ? Bordeaux ou Paris ? Etonnant de constater à quel point tout peut aller vite dans un sens ou dans l’autre. En début de saison, le Stade Français épatait par son jeu complet : il risque de tout perdre après un dernier mois calamiteux au moment où l’Union retrouve de l’espoir et de la force.
Pour accompagner Biarritz un étage plus bas, là aussi l’emporte la confusion des sentiments. Perpignan, Oyonnax, Bayonne et même Grenoble, qui caracolait pourtant en tête du hit-parade en début de saison, ne sont à l’abri de rien. Retrouver la saison prochaine en ProD2 deux récents champions de France est un signe de bonne santé, il me semble, non ?
Car ils seront remplacés par deux autres grands noms du rugby français. En effet, avec le LOU, d’entre Pau, Narbonne, La Rochelle et surtout Agen (je sais, en tant qu’ancien Rochelais, je devrais être plus « supporteur » mais ce n’est pas ma vocation) le vainqueur de la finale d’accession fera un beau promu.
Tenez, je vous invite une nouvelle fois à la lecture, enrichissante et instructive, de « Rugby Clubs de France » aux éditions Glénat, ouvrage conçu et écrit par trois de nos internautes, à savoir Frédéric Humbert, Antoine Aymond et Nemer Habib. Le web a du talent, la preuve. Pourquoi ce conseil ? Parce qu’on y voit défiler le Championnat hors du temps mais aussi, et ce n’est pas un paradoxe, dans son époque, dans son contexte.
C’est peut-être cela, l’histoire… Une éternel recommencement. Joueurs, dirigeants, entraîneurs, supporteurs et aussi partenaires – c’est dans l’ère – remontent ensemble leur rocher ovale vers le sommet tout en sachant qu’il est possible, à tout moment et parfois très vite, d’en redescendre. Imaginons, au delà des défaites et des succès, ces clubs heureux. Ou alors ce serait à désespérer.