Que remarquer en cette fin de phase aller ? Le titre symbolique de champion d’automne pour un club, Toulon, qui ne dispute qu’une seule période par rencontre ? La dernière place occupée par le champion de France 2013 incapable de remporter un match en supériorité numérique ? Je préfère évoquer la paire d’Ile-de-France que l’on n’attendait pas en si bonne posture, Stade Français et Racing Metro 92, puisqu’installée dans le Top 6.
Vous aurez noté, aussi, que les ambitieux ont appris l’humilité. Toulouse, grand d’Europe et de France, club phare dans les deux hémisphères depuis trente ans, découvre le cycle vital : ce qui est en haut descend un jour en bas pour peu que rien ne change et que certains s’accrochent violement à leur pouvoir. Montpellier, qui buzz depuis 2003 en affichant plus grand que nature ses prétentions via Deffins et Altrad – lequel baptise même en toute humilité le stade de son nom –, traverse une crise de croissance.
Sur et en dehors du terrain, Toulouse et Montpellier laissent la place à Grenoble et à Bordeaux, deux métropoles qui se sont remises en route, deux clubs qui pratiquent un jeu enthousiaste avec plus ou moins de réussite et vont modifier durablement la hiérarchie ovale en entrant dans la crème de l’élite, à savoir ce «club des six» qui coiffe le Top 14 et s’ouvre à l’Europe.
On pourrait parler aussi du recrutement «stars war» du Racing Metro et de Toulon, surenchère sur le marché des transferts, à toi à moi pour draguer les All Blacks en fin de carrière. Le tarif est élevé mais chacun participe pourtant à cette course à l’armement via les filières sudistes (Afrique du sud, Nouvelle-Zélande, Australie, Fidji). Il n’y aura très bientôt que des places très réduites pour les pousses françaises dans le jardin Bosman-Cotonou.
Constatons, en alignant les noms – anciens et nouveaux – des joueurs qui se sont illustrés depuis la mi-août que le talent n’a pas d’âge : Imanol Harinordoquy, Matt Giteau, Arnaud Méla, Aurélien Rougerie et George Smith furent au-dessus du lot. Confirmation équilibrée par l’apparition au plus haut niveau d’Ollivon, McLeod, Ratini, Masilevu, Danty, Alofa, Bernard, Vuidavuwalu et celle, très récente mais explosive, de Zhvania
On ajoutera à cette liste Spedding, Slimani, Atonio, Jenneker et Wisniewski qui confirment sur la distance le bien qu’on pensait d’eux. Ce qui nous donne une équipe type de la phase aller particulièrement mondialisée : Spedding – Ratini, Rougerie, Danty, Masilevu – (o) Giteau, (m) McLeod – Harinordoquy, Ollivon, G. Smith – Méla, Marais – Atonio, Jenneker, Zhvania. On notera que l’intérêt du Top 14 n’est pas à l’avantage du XV de France mais ça, on le sait depuis 1998 et l’avènement près de chez nous du rugby pro.
Dernier point, vous l’avez suggéré et je le reprends de volée, mon souhait qui est aussi le vôtre de permettre à ce blog de garder hauteur de point de vue, mise à distance, humour, humeur, recul et profondeur de ton en demandant à chacun et chacune de ne pas rester anonyme, tel un twitteur «Corbeau 2.0», et de se présenter, au mieux via l’adresse mail, tel qu’il est. Et de ne pas répondre aux provocations épistolaires… C’est notre résolution «retour». D’ici là, Joyeux Noël.