Ils sont entrés en concile vendredi dernier pour dresser leur liste. Celle des entraîneurs susceptibles de succéder à Philippe Saint-André. Ils en sont sortis pour déjeuner un appel à candidature à la main. Ces deux heures passées dans la salle de réunion du première étage, à Marcoussis, les sept sages (Camou, Blanco, Dunyach, Retière, Maso, Skrela et Lux) l’ont mise à profit pour modifier un mode opératoire, pré carré du président de la FFR depuis 1963 et la nomination de Jean «Mr. Rugby» Prat comme homme de terrain du XV de France.
Lettre recommandée avec accusé de réception – le cachet de la poste faisant foi – projet de jeu, projet de staff, et tout ça adressé à Marcoussis avant le 25 avril. Hier demandeurs, les élus fédéraux et leurs affiliés sont désormais en position de force. Juste avant la 22e journée de Top 14, aucun coach – leurs noms étaient abondamment cités dans la presse, à savoir Laurent Travers et Laurent Labit (Racing-Métro), Guy Novès (Toulouse) Fabien Galthié, Fabrice Landreau (Grenoble), Fabien Pelous (FFR) et Raphael Ibanez (Bordeaux-Bègles) – n’a souhaité s’annoncer clairement candidat tricolore.
Pourquoi soudainement autant de prudence de la part de ceux qui hier, ou pour certains bien avant, souhaitaient prendre les rênes du XV de France ? Parce qu’en demandant de poster une profession de foi, la FFR les oblige à se dévoiler très vite au sein de leurs clubs respectifs. Comme personne n’a la garantie d’être début juin l’heureux élu, tous craignent d’être fragilisés. Car avant de postuler, les candidats vont devoir annoncer cette semaine à leur président qu’ils envoient un courrier cacheté à Marcoussis, avec vue sur le XV de France. En plein emballage final du Top 14, pas facile à gérer…
Placé hors de cette zone de turbulences depuis qu’il a été viré de Montpellier, Fabien Galthié, qui ne manque pas de cachet, monte en pole position. Juste derrière lui on retrouve Raphael Ibanez. Depuis un mois, son président, Laurent Marti, piste trois remplaçants (Yannick Bru, Vern Cotter et Joe Schmidt). Troisième tête d’affiche, Fabien Pelous. Homme du sérail, élu fédéral, capitaine tricolore d’envergure et recordman des sélections, manager des équipes nationales de jeunes, il est déjà parfaitement intégré à Marcoussis et disponible immédiatement. Tout pour plaire.
Lundi 27 avril, la FFR qui joue l’ouverture communiquera-t-elle sur les lettres reçues et sélectionnées ? En attendant, les téléphones portables saturent. Certains ficèlent leur projet (ils ont commencé à l’écrire il y a déjà quelques temps), sondent certains de leurs collègues pour savoir qui a envie de travailler avec eux au sein d’un staff tricolore, et se demandent, alors qu’ils avancent encore un peu cachés, comment ils vont emballer tout cela pour l’offrir à leurs présidents, à leurs staffs et à leurs joueurs. Ils ont quinze jours devant eux. Et après, pour le(s) meilleur(s), quatre ans.