Décoiffés au poteau

L’instantané est terrible. Le demi de mêlée irlandais Murray appuie le ballon sur la base du poteau pendant que les Français sont sur leur ligne d’en-but, hagards. Battus, et pour finir débordés, emportés. Terrible constat : quatre ans pour rien. Pour une défaite en match de poule contre l’Irlande, deux fois vainqueur du Tournoi. Le bilan chiffré de ce Mondial est meilleur qu’en 2011, mais le contexte est totalement différent.
Cette fois-ci, contrairement à Wellington, l’objectif était clair : terminer premier de poule pour affronter l’Argentine en quart. Et bien c’est foutu. Il faudra se coltiner les All Blacks ! Mais il n’y a pas que ça de foutu. Tout ce qu’a annoncé Philippe Saint-André était donc bidon ?  Difficile à accepter. Le « nous serons prêts » n’était que de la méthode Coué ? Le XV de France présente une mêlée en carton, une touche désarticulée, pas de jeu de ligne, aucune animation à part autour de Frédéric Michalak, le seul à avoir du génie dans cette équipe, et un début de relance autour de Scott Spedding, l’un des rares avec Louis Picamoles (merci M. Pasquier) à avoir vraiment envie d’attaquer.
Comment une équipe de France préparée et affutée a-t-elle pu craquer ainsi ? Incapable de profiter des sorties sur blessure des leaders irlandais, Jonathan Sexton pour la stratégie, Paul O’Connell pour l’esprit. Je veux bien que tout soit de la faute de PSA, il a sa part, et elle est large et épaisse, mais on a vu des joueurs français battus physiquement, abattus mentalement, et pour finir brisés. Pas de révolte, pas d’énergie positive, rien sur la fin. Rien sur la faim.
Voilà un des plus mauvais matches de l’ère Saint-André et il y en a eu, des daubes, pendant quatre ans. Et au pire moment. Car là, pas d’échappatoire, c’était LE rendez-vous annoncé. Et au bout quoi ? Un fiasco majuscule. La grosse claque. La question, maintenant, est de savoir si ces Tricolores-là, qu’on dit et qu’on voit sans âme, seront capables de rebondir, de se redresser, de se relancer, de se sublimer ? Ils l’ont déjà fait. En 1999 à Twickenham face aux All Blacks ; en 2007, à Cardiff et en quart contre ce même adversaire. En 2011, en quart contre les Anglais. On peut encore y croire. Papé, Dusautoir, Mas, Szarzewski, Picamoles, Parra… C’est à eux, maintenant, de jouer. Et l’espoir demeure.

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