Le rugby français s’apprête à traverser un nouvel hiver. Coupe d’Europe, Top 14 et le Tournoi à préparer. A la charnière des ères, celle de Saint-André mal pliée, celle de Novès toute neuve qui nous donne rendez-vous le 6 février au Stade de France face à l’Italie. Et au milieu rebondit le meilleur Championnat des clubs que la terre nous envie, incapable de produire du jeu pour le haut niveau, en témoignent les lourdes défaites encaissées face aux Anglais.
La réaction est mauvaise conseillère. Pourtant, les Sujets de sa Gracieuse, vexés par leur échec lors du Mondial, s’en remettent au meilleur de leur rugby pour se relancer. Ils bonifient à coups d’essais, de temps multipliés, de séquences longues comme une attaque sans fin. Chez nous, on attend encore les effets de la honte bleue d’après Coupe du monde. Le fiasco semble ne pas avoir été digéré.
Que se souhaiter de bien et de bon pour l’année qui s’ouvre ? Qu’espérer ? Vers quoi tendre ? Que regarder ? Et d’abord peut-on s’enthousiasmer comme si de rien n’était ? Le bilan de la catastrophe n’a pas été effectué. Il est encore à venir. Nous n’avons rien vu ni entendu au sujet des raisons de la défaite du XV de France, enrhumée en match de poule face à l’Irlande, exténuée en quart de finale devant les All Blacks. Comme s’il était possible de faire l’économie d’un diagnostic vital.
Voilà bien notre souci : ne pas savoir analyser froidement pour mieux repartir. Nous avançons sur des champs de ruines, les pieds dans les cendres, en nous bouchant les yeux. Parce que les oreilles, ce n’est pas la peine : personne n’a quoi que ce soit de particulier à dire. Ou plutôt si, mais ça ne concerne que le pouvoir et sa prise. La campagne des présidentielles est ouverte à la FFR. Et on peut craindre que volent bas les coups quand seule la pensée en hauteur pourrait sauver ce qui peut encore l’être. Là aussi, il faut s’attendre au pire. L’enjeu est taillé pour.
Les All Blacks ont pourtant montré la bonne façon de vivre ce jeu : en restant debout. On l’a répété, ici. Mais je n’ai pas l’impression que la leçon de tableau noir ait été assimilée. Une journée de Coupe d’Europe à venir saucissonnera le Championnat perclus d’habitudes. En cette fin d’année, en ce début de prochaine, le rugby devrait pourtant s’habiller de fêtes. Il occupe tout l’espace médiatique. Saura-il en profiter, les doigts gourds ?
Si vous imaginez un cadeau ovale, je vous conseille d’offrir «Tony Moggio, talonneur brisé», aux éditions Privat. Emouvant. L’ouvrage tisse du lien ; redonne du sens à ce qui parfois nous échappe. L’occasion, au présent, de vous souhaiter Joyeux Noel et Bonne Année. Avant de vous retrouver d’attaque en 2016, le 8 janvier. A un mois du Tournoi.