Celles et ceux qui ont suivi le rugby ce week-end, et il y en avait même beaucoup, de rugby et de spectateurs-supporteurs, s’entend, n’ont pas manqué de garder à l’esprit le chiffre 41. Comme le nombre de points inscrits par les Bleuets à Pau, vendredi soir, face à l’Angleterre. Nous l’évoquions ici même sur ce blog, la semaine dernière : la formation française facilite l’éclosion de jeunes talents, citons Buros, N’Gandede, Mignot, Dupont, Cancoriet, Tanguy, Verhaeghe, et trois fils de, à savoir Penaud, Roumat et Retière. Ils peuvent devenir les Chat, Maestri, Machenaud, Poirot et Jedrasiak d’après-demain… Il sera donc intéressant, dans trois ans, de savoir où ils sont, où ils en sont. Parce que question relève, ils sont là. Ne les oubliez pas.
Les Féminines, de leur côté, en Bretagne, ont remporté le Tournoi des Six nations, prouvant que tout n’est pas sombre au royaume de Marcoussis. La France n’est pas devenue subitement une petite nation de rugby. Même si depuis cinq ans maintenant, le Grand Chelem 2010 et la finale perdu de justesse face aux All Blacks lors du Mondial 2011, le XV de France, celui des grands, au masculin, ne parvient pas à se hisser de nouveau sur les sommets internationaux.
Le bilan bleu du premier Tournoi de l’ère Novès, contrasté, a été rebattu depuis samedi soir, presque au coup de sifflet du dernier match de la dernière journée de ce Six Nations remporté par l’Angleterre, Grand Chelem à la clé : du jeu debout, de la prise de risque, de l’élan, des envies, un esprit. Mais trop de fautes de mains et pas assez d’impact physique. Le sentiment d’avoir avancé, mais de façon cosmétique. Cinquième, ça n’a rien de glorieux. Pourtant il y a quelques sujets de satisfaction. C’est déjà ça.
Guy Novès n’est pas un magicien. Nous le savions. Plutot un formateur, un éducateur. Il n’est pas arrivé à obtenir ce qu’Eddie Jones est parvenu à réaliser dans le même laps de temps que lui, c’est-à-dire trois mois. Mais l’Angleterre et la France ne partaient pas sur la même ligne. Novès peut aligner des bouts de séquences, mais ça ne fait pas un film. Nous quittons ce Tournoi presque comme nous y étions entrés, et ce n’est pas la perspective d’une tournée de juin prochain en Argentine, sans les joueurs des quatre meilleurs clubs français du moment (sans doute Clermont, le Racing 92, Montpellier et Toulon) qui va permettre au manager toulousain de continuer à construire son projet.
Jusqu’à quand cette mascarade va-t-elle continuer ? Quand les instances, LNR et FFR, vont-elles enfin s’accorder pour éviter que le XV de France finisse dans le mur ? Que faut-il exiger pour bâtir un projet global qui nous permettrait d’éviter de terminer dans les fonds du classement World Rugby, et pourquoi pas un jour prochain au-delà de la dixième place mondiale, ce qui va finir par être notre niveau si l’on continue à avancer en ordre dispersé, Top 14 d’un côté, XV de France de l’autre ?
Les Anglais ont inventé ce jeu et ils l’ont aussi remarquablement amélioré, surtout en ce qui concerne les liens club-sélection. Pourquoi n’y arriverions-nous pas de ce côté-ci du Channel ? Les élections fédérales, du moins les manœuvres qui y préludent, vont surgir. Avant et après trois tests de novembre qui s’annoncent particulièrement épicés, face aux Samoa, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande, excusez du peu. Et on peut s’attendre à ce que les résultats du XV de France influent directement sur les votes des présidents de club, plus de 1 800, au moment d’élire une liste, un projet, un homme.
Vers qui vont-ils se jeter, ou se projeter, ces présidents ? Dans quels bras ? Camou, Salviac, Laporte ou Doucet présentent-ils aujourd’hui les garanties d’un véritable changement de paradigme pour le rugby français ? Je vous avoue que j’ai plus d’interrogations à vous faire partager, à ce jour, que de certitudes. 2016, année olympique, sera un tournant pour le sport que nous aimons, que nous suivons, dont nous parlons ici avec passion et verve, ami(e)s bloggeurs, virage dont il faut que le rugby d’ici sorte relevé.