Play it again

Après le sidérant Angleterre-France du Tournoi, la Coupe d’Europe nous offre un sequel. Une moitié, en espérant que ce soit la moins bonne, du XV de la Rose comprise dans les clubs de Northampton, Saracens et Wasps, se déplace en France. En forçant le trait, on peut presque annonce la revanche de Twickenham. En tout cas, la suite du dernier Crunch.
Croustillant, cet épisode 2 ?  A priori oui. Des matches comme celui-là, nous en redemandons, même si tout le monde n’est pas de cet avis. Du coup, je pensais même que le Top 14 allait devenir fou en explosant ses compteurs dans la foulée de cette dernière journée de Tournoi hors cadre. Ça n’a pas été le cas sur tous les terrains, mais franchement, Clermont-Stade Français, Bordeaux-La Rochelle, Montpellier-Lyon et Toulon-Toulouse avaient de la tenue, non ?
On pourrait comme ça continuer longtemps la poursuite du match magique. Mais la Coupe d’Europe s’inscrira-t-elle pour autant dans la continuité de Twickenham, de ces rebonds favorables, des envies de grand large ? Quand on regarde les oppositions, on peut répondre par l’affirmative. Et ce pour plusieurs raisons.
La première, c’est que les Anglais aiment asphyxier l’adversaire. Alors si l’on en croit ce qui a été décidé pour armer la grande cause nationale qu’est le Mondial 2015, l’axe de travail du XV de la Rose consiste à multiplier les temps de jeu. Impossible, connaissant la structure du rugby anglais, que ce choix ne soit pas épaulé par le travail tactique et physique effectué en club par les internationaux. Contrairement à ce qui se passe en France, l’échange est permanent entre staff national et Premiership, ce qui bonifie les deux camps. Northampton et Wasps sont dans cette dynamique-là, en tout cas. Les Saracens un peu moins. Mais restent experts dans l’art de conserver le ballon.
La seconde raison pour évoquer un France-Angleterre des clubs, c’est bien l’antagonisme historique entre les deux nations sur le plan européen. L’occasion est bonne de reprendre le leadership, côté anglais, laissé au Leinster et à Toulon, et de planter sur ce territoire-là un bouquet de Rose en année « Mondial». Jusqu’à s’offrir une finale made in England ?
La troisième raison, c’est l’envie française de s’inscrire dans l’histoire. Toulon vise un triplé, exploit absolu, unique, inimaginable, même pour un effectif galactique comme l’est celui du RCT. Clermont rêve de décrocher le seul titre qui lui manque, cette Coupe d’Europe de toutes les attentes. On sait que les deux clubs, leaders du Top 14, ont décidé de voter «oui» à l’Europe. Et d’y mettre toute leur énergie. Quant au Racing Métro, lui, c’est tout bonus. L’objectif quart est atteint, les Franciliens se sentent légers. C’est sans doute pour eux la meilleure façon de se préparer.
Enfin, quatrième raison, plus politique, plus structurelle et qui dépasse sans aucun doute les joueurs mais pas leurs dirigeants, lesquels savent toujours instiller le petit supplément de motivation au bon moment : parachever en se qualifiant pour les demi-finales la construction de cette nouvelle structure européenne, cette nouvelle compétition, plus élitiste, mieux contrôlée par les clubs, tournée vers le profit et la Suisse. Ne l’oublions pas, cette Coupe d’Europe 2.0 est l’œuvre conjointe des Anglais et des Français, l’alliance de l’épine et de l’ergot. Les résultats, quatre clubs anglais et trois français en quarts, semblent donner raison aux meilleurs ennemis associés. Reste maintenant à savoir qui aura la plus grosse, on veut parler de la représentation en demies.
Merci à toutes et tous de vous présenter avec au moins vos vrais prénoms et un mail identifiable.

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