On sait maintenant au moins une chose concernant le XV de France en cette année de Coupe du monde, c’est que PSA doit convoquer trente et un joueurs en stage pour en avoir dix à l’entraînement. Et encore, pas tous prêts à être sollicités. Espérons que cette règle du «un sur trois» ne dépassera pas Canet-en-Roussillon. En rire ou en pleurer ? Coupe d’Europe, Top 14, on voit bien en ce début d’année 2015 du rugby français où sont les intérêts.
Vous vous souvenez sans aucun doute de l’épisode «Pimpolos». Pour attaquer le Tournoi 2007, Bernard Laporte, coach tricolore en fin de deuxième mandat, avait réussi à négocier avec Serge Blanco, patron de la LNR, la mise à disposition de quarante joueurs pendant la durée du Tournoi. Une première, une avancée. Presque un exploit. Enfin, le rugby français se mettait en position de remporter la Coupe du monde, qui plus est celle qu’il organisait.
Ah ça, pour voir, on a vu. Dès la première victoire, à Rome, contre l’Italie, Laporte s’est mis à penser au Grand Chelem et les vingt-deux de la feuille de match sont restés en alerte bleue, générant dix-huit laissés pour compte. Je sais, ça fait «vieux con» d’écrire «à l’époque», et on me reproche assez ici même, mais je dois vous l’avouer et ce n’est pas à ma grand honte, j’apprécie le forum-débat lancé par Midi-Olympique.
Leurs noms ? Floch, Rougerie, Traille, Messina, Castaignède, Boyet, Beauxis, Elissalde, Nyanga, Dusautoir, Vermeulen, Lamboley, Martin, Poux, August, Emmanuelli, Mas, Bruno. De quoi composer une solide équipe bis. Emmanuelli avait baptisé ce groupe, qui multipliait les ateliers comme autant d’animations pour occuper sa journée loin du staff. Pour toucher quand même un peu de ballon, les «Pimpolos» (les glandeurs, en argot de La Vallette) allèrent porter à Biarritz – à défaut de la bonne parole – le maillot des Barbarians français face à l’Argentine à l’initiative de Blanco ; une semaine avant Angleterre-France qui allait faire pencher les Tricolores, mais pas vers un Grand Chelem.
Qu’on soit quarante ou dix à l’entraînement (dont seulement 5 issus de la fameuse liste des « trente protégés » depuis juin dernier, merci Edouard) pour préparer le Tournoi dans l’optique du Mondial, on s’aperçoit donc que rien ne fonctionne. Pas de recette, pas de formule, pas de miracle. Mais quand même, dix à l’entraînement, ça fait nation du Tiers monde. Tiers 3. C’est ainsi que la World Rugby catégorise (comme la troïka avec la Grèce) les désargentés de la mondialisation ovale. L’Italie, dernière entrée dans le Tournoi, qui peine à se construire un Championnat d’élite, parvient à regrouper son élite avec davantage de consistance.
Avant de voir les Tricolores entrer dans le dur à Marcoussis, lundi 2 février, on se serait bien épargné ce signal faible. Les vases communicants placent aujourd’hui certains clubs, Racing Metro, Toulon et Clermont, au sommet de l’Europe quand le X de France traîne sa peine, ses blessures, ses forfaits, ses indisponibilités et ses incohérences (Dumoulin sélectionné alors qu’il est blessé au tendon et n’a pas joué depuis un mois, par exemple, alors que Mermoz éclate de santé chaque week-end) dans le Roussillon.
Tout cela n’est pas très grisant, je vous le concède. Alors suivez mon conseil pour retrouver énergie, allant et envie : foncez d’urgence voir «Les Nouveaux Sauvages». C’est latin, déjanté – j’oserais dire explosif et extrême mais ce n’est pas politiquement correct – jubilatoire et donc essentiel en cette triste période où seul le plan Vigipirate vire écarlate. En sortant de la salle, on se plait à (re)penser qu’il suffit parfois de vouloir pour pouvoir.