Je ne sais pas ce que fait le staff tricolore pendant ses heures creuses mais Daniel Hourcade, le coach argentin, s’est rendu en Australie en avril dernier, à Sydney plus précisément, assister aux entraînements de Michael Cheika, alors patron de la franchise australienne des Waratahs et pas encore entraîneur des Wallabies. Il ne s’était pas trompé de destination. Les Pumas savent cibler. Au sortir du Four Nations, ils ne pensaient qu’au 22 novembre, se désintéressant de leurs voyages en Ecosse et en Italie. Ils ciblent même plus haut, plus loin : Juan Imhoff, l’un des meilleurs Argentins, précise que pour la première fois, les Pumas disputeront la Coupe du monde 2015 avec l’intention de la gagner, pas seulement de bien y figurer. Ça promet, dans onze mois, quand il s’agira de les affronter en quart de finale.
L’Argentine ne dispose pas de gros revenus, hors ceux qu’elle récupère via la SANZAR, l’organisme qui gère le Four Nations. En 2016, elle disputera le Super Rugby et obtiendra davantage de subsides. Elle aura surtout composé un squad de quarante joueurs qui disputera les deux compétitions phares de l’hémisphère sud. L’Argentine entrera alors dans la cour des très grands et ne tardera pas à devenir l’égal de l’Australie. Les stars argentines n’apparaitront plus en Premiership et en Top 14 ; ou alors en fin de carrière, pour garnir leurs comptes en banque.
Depuis 2008, en lançant une sélection Espoirs – les Pampas – dans le championnat sud-africain, compétition remportée par ces Argentins en 2011, puis en relançant les Jaguars (véritable équipe nationale bis) dans les tournois nationaux sud-américains, la fédération argentine développe sa filière. Daniel Hourcade, le coach des Pumas, en est la plus belle expression : il a coaché toutes les équipes nationales, les unes après les autres. Imhoff, lui aussi produit national raffiné, confirme : «Ce processus nous permet de progresser dans le jeu. » Au point de donner une leçon de conservation, de réalisme et d’allant au XV de France, samedi dernier, au moins pendant les trente premières minutes.
Quand Philippe Saint-André et son staff sont fiers, heureux et ravis de lancer une dizaine de nouveaux visages (dont Chiocci, Ollivon, Camara, Kockott, Bernard, Dumoulin, Thomas) dans le groupe France à l’occasion des tests de novembre, les Argentins font confiance, eux, depuis deux saisons, à une nouvelle génération de gamins passés par les moins de vingt ans, les Pampas et les Jaguars, certains déjà durcis par le Four Nations. Rappelez-vous de leurs noms : Lucas Noguera (pilier), Santiago Iglesias Valdez (talonneur), Tomas Lavanini (deuxième-ligne), Guido Petti (deuxième-ligne), Lucas Ponce (deuxième-ligne), Facundo Isa (troisième-ligne), Tomas Lezana (troisième-ligne), Javier Desio (troisième-ligne), Santiago Gonzalez-Iglesias (demi d’ouverture), Jeronimo de la Fuente (trois-quarts centre), Matias Moroni (trois-quarts centre) et Santiago Cordero (ailier). Sans oublier l’arrière Joaquin Tuculet, qui d’ailleurs cherche un club pour passer l’hiver… Ceux-là, vous risquez d’en entendre reparler d’ici le mois d’octobre 2015.
Pour ma part, je quitte un temps le bureau mais garderai un œil sur ce Côté Ouvert avant de voguer la semaine prochaine vers l’Atlantique. Ceux qui le souhaitent me retrouveront au Salon du Livre de La Rochelle, du vendredi 5 au dimanche 7 décembre. Il y sera question, en ciblant le Tournoi 2015, d’un ouvrage intitulé «France-Angleterre, cent ans de guerre ovale» aux éditions Glénat écrit, entre autres auteurs (Nemer Habib, Sophie Surrullo), avec un internaute, Antoine Aymond, habitué de ce blog. Comme quoi tous les chemins empruntés sur le web mènent finalement à la reliure.