Avec deux victoires d’affilée, face aux Fidjiens et aux Australiens, il ne faudrait pas s’imaginer que le XV de France a réinventé le rugby, ou à défaut qu’il l’a considérablement amélioré. Reste que cette équipe n’était pas pour autant la plus mauvaise de l’histoire parce qu’elle avait pris deux déculottées, en Nouvelle-Zélande (juin 2013) et en Australie (juin 2014).
Hors des scores il s’agit de s’intéresser aux contenus pour constater qu’il reste encore à cette équipe de France pas mal de chemin à parcourir pour atteindre le haut niveau international et que deux succès n’offrent pas autant de points d’appuis qu’on pourrait l’imaginer. A ce titre, les deux défaites concédées par les Anglais à Twickenham, face à la Nouvelle-Zélande et à l’Afrique du sud, portent certainement autant d’espoir que celles qui plombèrent le bilan tricolore.
Comme les Anglais, les Tricolores se sont inclinés par deux fois en novembre 2013 et d’une courte marge face aux All Blacks et au Springboks. Mais de ce côté-ci de la Manche, les observateurs s’étaient mis à évoquer «la série noire» et «la fatalité», PSA y allant de son «vestiaire triste» au lieu d’y puiser un peu d’optimisme.
Samedi soir, je vous en donne mon prochain billet, la France ira arracher son troisième succès d’affilée à la force de son pack, en martyrisant les avants argentins sur leurs points forts, à savoir dans les rucks féroces, les ballons portés et les pick-and-go têtes baissées ; et le banc des remplaçants bleus apportera, comme face aux Fidjiens et aux Australiens, un supplément de puissance.
Symbole de ce renouveau, le sourire est sur le visage de Teddy Thomas, nouvelle tête de gondole tricolore ; le néo-Francilien a tout de la star incontournable qui lancera la prochaine Coupe du monde. Et c’est une chance pour le XV de France que d’aligner un joueur issu de la filière bleue, auprès duquel les jeunes générations pourront s’identifier jusqu’en octobre prochain.
Il faut dire qu’après Thomas Castaignède en 1999, Frédéric Michalak en 2003 et Sébastien Chabal en 2007, le XV de France n’avait pas hissé grand monde en haut de l’affiche. C’est désormais chose faite avec le jeune ailier dreadlocké du Racing-Métro, quatre essais en deux matches…
On imagine bien Serge Blanco savourer ces deux succès. On lui doit l’apport de joueurs qui n’étaient pas dans la liste des trente conventionné, l’engouement retrouvé autour de ce XV de France, la malice au coin de l’œil de Philippe Saint-André qu’on a revu comme on l’a toujours connu, goguenard, décontracté, souriant, disert.
Restons lucides, samedi soir, la France pouvait tout aussi bien perdre à la dernière minute face aux Wallabies. Pis, en deuxième période, considérant la fréquence avec laquelle il infligeait des pénalités aux Français dès qu’ils s’approchaient de l’en-but aussie, tout laissait croire que M. Owens sifflerait une faute sous les poteaux au plus fort de la domination australienne, nous laissant méditer sur un match nul du plus mauvais effet.
Sur les contenus bleus, qu’est-ce que cela aurait changé ? Au Stade de France, chacun a retenu son souffle et j’imagine que vous aussi, sur votre siège. Je me voyais mal expliquer l’inexplicable, ratiociner avec des statistiques pour trouver de quoi espérer dans l’échec, écouter les excuses des joueurs pour n’avoir pas su tenir le score, les regrets du staff évoquant la faute à pas de chance, sans parler de cette victoire pour laquelle il y avait de la place…
Heureusement pour ce XV de France qu’on attend légèrement modifié dans sa composition, l’Argentine ne se présente pas samedi soir avec l’éclat dont elle a fait preuve dans le Four Nations. Cela dit, il vaut mieux la prendre au rugby plutôt qu’au football, même si les coéquipiers de Thierry Dusautoir s’y préparent (cf photo)… Depuis 2003, les Pumas ont toujours été des adversaires pénibles et rugueux ; D’autant plus qu’ils se sont visiblement préservés en vue de Saint-Denis. Qui sera aussi un test pour Saint-André.