Dans le buffet

Il y a des week-ends, comme celui-là, qui débordent. Où il faut jongler sur les canaux, chauffer la télécommande, déjeuner et dîner sur le pouce, voire même mettre les plateaux repas à l’index tant il y a à voir, à disséquer, à commenter, à analyser, à écrire. Le Four Nations (on dit Rugby Championship mais c’est naze), le Top 14 et la Coupe du monde féminine en continu du vendredi soir au dimanche soir, c’est copieux… Sans oublier de regarder un peu d’athlétisme.
Floria Guei a retenu mon attention, tout comme Magali Harvey. On peut se retrouver quatrième, loin derrière un trio de tête à deux cents mètres de la ligne d’arrivée, et finir première. Chapeau ! Il faut des tripes et du mental. C’est ce qu’avaient aussi les joueuses de rugby, dimanche, lors des finales, la petite et la grande, à Jean-Bouin. Quatre nations (Angleterre, Canada, France et Irlande) nous ont régalées, il faut l’écrire, par leur pugnacité, leur esprit d’équipe, en somme leurs vertus.
L’ouverture du Top 14, elle aussi, était chorale. Toulon en roue libre, serein, presque léger, développant son jeu avec fluidité. Il faut dire qu’avec Matt Giteau à l’ouverture, l’huile de coude déride les inspirations ; Brive leader, le Stade Français et le Racing-Métro vainqueurs, paris gagnés ; Grenoble et Oyonnax remuants, sans complexes mais pas récompensés, ce dernier même volé, clairement, d’une pénalité pour la gagne à Ernest-Wallon.
Y a-t-il quelque chose de changé ? Non, on retrouve Toulouse balbutiant son rugby comme en fin de saison dernière. Comme depuis deux saisons, cela dit… Mais ce n’est pas une demi-surprise qu’Oyonnax soit capable de mettre les hommes de Novès-Servat-Elissalde en danger, c’est juste la confirmation que ce Top 14 sera encore plus serré que prévu. Clermont battu lui aussi à domicile en barrage, la saison dernière, a été accroché par des Isérois avec lesquels il faudra compter dès les premiers matches, c’est une habitude désormais.
La surprise, c’est le gros coup de moins bien des nations de l’hémisphère sud dès lors qu’elles sont soumises aux éléments climatiques défavorables, la pluie en l’occurrence. Deux tests négatifs, entachés de fautes de mains, affaiblis par des plans de jeu frileux. A l’automne 2015, le crachin anglais et le vent froid, comme d’habitude, nivèleront les valeurs et l’on verra dans un peu plus d’un an davantage de jeu au pied que de doubles sautées redoublées.
Je voulais aussi vous faire partager deux réflexions. La première, c’est qu’en réduisant le bonus défensif à cinq points d’écart maximum, la LNR rêvait de valoriser l’offensive. Résultat ? Quatre bonus défensifs (Oyonnax, Montpellier, Castres et Grenoble) pour un seul bonus offensif (Brive). Des scores serrés mais, côté contenus, des matches enlevés, bourrés de suspense et d’allant jusqu’au bout. Une tendance à confirmer, donc, lors de la prochaine journée.
La seconde, c’est que le rugby féminin va devoir ramer pour faire fructifier l’engouement populaire né de ce Mondial en France ; disons plutôt à Marcoussis et porte de Saint-Cloud… En tribune VIP, au stade Jean-Bouin, se retrouvait dimanche le gratin d’Ovalie, vous l’avez constaté. Lors des deux mi-temps, le buffet était garni. Mais au retour des équipes sur le terrain, et bien après que le coup de sifflet lançant la deuxième période ait été donné, il était encore bien achalandé et la corbeille présidentielle aux deux tiers vide.
Les édiles et les élus, les beaux blazers et les têtes de gondoles préféraient grignoter, encore et encore, les petits fours, preuve, s’il en faut, que ces deux finales ne suscitaient pas l’enthousiasme débordant de l’élite ovale réunie pour l’occasion, invitée et exposée par les diffuseurs. Je ne vous donnerai pas les noms des coupables de ce relâchement, mais j’ai la liste. Ça m’a fait sourire, ensuite, de les lire et de les entendre souligner l’essor du rugby féminin.

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