La saison, en ce qui concerne l’équipe de France, se termine sur une défaite, la troisième down under. Mais c’est surtout un sentiment d’échec qui l’emporte. Depuis 1990, le XV de France est habitué à s’incliner chez les Wallabies, mais ce qui dérange, cette fois-ci, c’est la forme prise par ses trois test-matches, leurs contenus, les leçons qu’il est possible, ou pas, d’en tirer.
Ils étaient presque tous là, les « élus » du prochain Mondial. Dans un an, les trente sélectionnés de PSA seront au travail, mis de côté trois mois à Marcoussis pour brûler leurs graisses, prendre du muscle et de la « caisse », ainsi qu’on appelle la capacité à jouer vite et longtemps. Ce qui dérange, quand on constate où ils en sont en juin 2014, c’est d’imaginer qu’ils partiront de zéro pour concurrencer les meilleures nations du monde.
Comme en 1999, comme en 2011, les Tricolores sont au plus bas. Pas de jeu, pas d’envie, pas de densité. Même pas de côtés fermés… Ils se font bousculer, déborder, transpercer. Ils font presque pitié à voir. Et comme en 1999, comme en 2011, ils iront peut-être en finale de la Coupe du monde. Personne n’aurait misé sur ces deux cuvées et, pourtant, elles furent en position de brandir le trophée Webb-Ellis, le seul qui manque au palmarès français.
Nous ne pouvons pas aimer pendant dix mois un Top 14 économique fort, populaire, médiatiquement alléchant, et d’un autre côté présenter une équipe de France à son meilleur niveau en février-mars, en juin et en novembre. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Thierry Dusautoir. Vous pouvez le croire. Lui, capitaine le plus appelé, il est entré dans l’histoire en prenant une claque. Il a battu toutes les nations du monde et ça ne doit pas le faire rire.
Ce sentiment d’échec, il provient de l’incapacité du XV de France à jouer simple et juste ; à éviter les fautes idiotes, à tenir prise d’entrée, à se battre pied à pied. En huit minutes, lors du troisième test, tout était dit : mauvais lancer et ballon dévié en touche, pénalité sur un ruck, but sur le poteau et essai australien en force, à un contre un. Pour toute satisfaction, une défaite 6-0 à Melbourne sans marquer le moindre point. De quoi retourner, comme Boris Vian, son téléviseur. De l’autre côté, c’est plus passionnant.
Avant de marcher en direction du soleil, de l’autre côté des Pyrénéés, et vous retrouver ici même début aout, me revient une anecdote qui pourrait être la solution à nos petits soucis du moment. Alors que son équipe était largement battue, à la mi-temps, auix citrons, le capitaine d’une sélection nationale demandait à ses coéquipiers : « Les gars, qu’est-ce que vous proposez pour qu’on arrête d’être ridicules ? » Une voix coupait le long silence et, d’un ton monocorde, lâchait : « Je ne vois qu’une solution : attraper le ballon au coup d’envoi et le dégonfler. »