J’ai bien aimé l’euphémisme de Guy Novès après – cochez la bonne mention – la déroute, l’humiliation, la déculottée de Limerick : «Nous avons le sentiment d’avoir été dominés.» On ne peut pas dire moins. Ça doit faire mal au fondement du jeu toulousain d’être pris partout et en même temps. Surtout au presque terme d’une saison terne en tout point.
Sauf que, ne vous y trompez pas, avec deux semaines de plus pour «récupérer et travailler» toujours dixit Novès, le Stade Toulousain ne sera certainement pas loin du dernier carré, voire mieux. La vexation est un ressort que sait bien utiliser le manager. Cela ne changera pas la physionomie de ce qui est jusque-là un parcours médiocre mais justement, il ne reste plus que six matches à disputer.
Samedi dernier, j’ai assisté à l’une des plus belles périodes de rugby jamais proposées. C’était à Marcel-Michelin. Et dans ce contexte, les Tigres de Leicester paraissaient de papier. Buttin, Rougerie, Nalaga, Fofana, Nakaitaci lancés par le duo James-Parra : un pur régal. Le pack jaune avançait comme aux plus belles heures du monstre à seize pattes cher à «Migraine» Ringeval.
Mais une rencontre ne s’arrête pas à la mi-temps. Une fois de plus – c’est son point faible – l’ASM en tête au score, dominateur, irrésistible, spectaculaire même, s’est arrêté de jouer. Sur-régime ? Mauvais calcul ? Sentiment d’impunité ? Aurélien Rougerie évoque «le retour des vieux démons». Comme si Clermont avait du mal à guérir de ses maux endémiques.
En final, la très bonne nouvelle est venue de la rade. Toulon a jailli du tunnel, attaquant à toute vitesse d’entrée, accélérant ensuite pour finir en trombe. J’attendais le Leinster – vu son casting – à un autre niveau. Mais jamais ces Irlandais-là, phagocytés, n’ont pu contester la supériorité varoise. Même lorsqu’ils virèrent de bord à 6-6.
Giteau ouvreur, voilà sans doute la solution toulonnaise. Avec Michalak à la mêlée. Car Tillous-Borde produit des performances peu dignes de son rang d’international. Michalak-Giteau: cette charnière sait occuper sur la ligne d’avantage. Elle fluidifie un jeu direct, ce qui n’est pas donné à tous les demis. Crime de lèse-Jonny que de penser cela mais c’est assumé.
Reste qu’en jouant sur deux tableaux, comme la saison passée, Clermontois et Toulonnais vont devoir effectuer des choix cornéliens. Privilégier l’Europe est l‘objectif avoué des Auvergnats. Toulon, de son côté, rêve de Brennus, c’est acté. Vous allez voir que cette fin de saison va privilégier un outsider. Et je mettrais bien une pièce sur Toulouse, surtout si Dusautoir, Johnston, McAlister, Picamoles, Fritz et Nyanga recouvrent la pleine possession de leurs moyens, que l’on sait grands.
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