Au stade Vélodrome de Marseille, l’ailier international de l’ASM, Julien Malzieu, perce entre Mathieu Bastareaud et Chris Masoe, deux des étoiles du RCT.
On parle toujours de l’effectif pléthorique du Stade Toulousain, où seuls le pilier Yohan Montes, le flanker Sylvain Nicolas et l’ailier Yves Donguy ne sont pas internationaux ; d’un groupe qui comprend huit Bleus en activité, à savoir Yoann Maestri, Thierry Dusautoir, Yannick Nyanga, Louis Picamoles, Florian Fritz, Vincent Clerc, Yoann Huget et Maxime Médard, soit un peu plus de la moitié du XV de France.
On évoque régulièrement les Galactiques du Rugby Club Toulonnais que sont les All Black Carl Hayman et Chris Masoe, le Gallois Gethin Jenkins, les Anglais Andrew Sheridan, Simon Shaw et Jonnie Wilkinson, les Springboks Bakkies Botha, Joe Van Niekerk et Danie Rossouw, le Puma Juan Martin Fernandez Lobbe, les Bleus Frédéric Michalak, Mathieu Bastareaud, Alexis Palisson, Sébastien Tillous-Borde, Jocelino Suta et Maxime Mermoz, le Wallaby Matt Giteau…
On souligne plus rarement le fait que l’ASM Clermont Auvergne, 1ère attaque et 1ère défense du Top 14, la saison passée, dispose de deux équipes également remarquables, capables de produire le meilleur jeu du Championnat, cette année, comme en témoigne le match nul accroché à Marseille, dimanche dernier, face au RCT, 26-26, par la «réserve» auvergnate, prolongement d’un groupe qui ne compte que cinq titulaires en bleu lors du dernier Tournoi – Debaty, Kayser, Domingo, Parra et Fofana.
Il faut se rendre à l’évidence : là où deux des trois très grosses écuries du Top 14 (Toulon, Toulouse) peinent à aligner deux équipes de même valeur et s’en remettent toujours à leurs leaders pour assurer l’essentiel, Clermont a prouvé que son effectif lui permettait de jouer sans souci sur deux tableaux. Et surtout que son jeu, spectaculaire, était clairement le plus frais, le plus innovant, le plus créatif, du Championnat.
Dimanche, j’ai vu, et je ne suis pas le seul, des combinaisons d’attaques, des relances, des angles de courses, des envies de jeu, d’une limpidité enthousiasmante comme rarement à ce niveau de la compétition entre deux équipes au sommet du classement. A la passe Nakaitaci, Stanley, King, Malzieu, Delany, Floch, Senio, Kolelichvili, Hezard, Jacquet, Pierre, Ric, Cabello, Chaume, autant de Clermontois qui s’entraînent et vivent depuis le début de saison dans l’ombre de l’équipe-type.
Clairement, Clermont se présente en cette fin de Championnat comme l’équipe à suivre. Sur tous les tableaux, H Cup et Top 14… Ce n’est pas l’équipe en forme à l’image du Racing-Métro, ce n’est pas l’habituel épouvantail toulousain et son palmarès en béton armé, le club des stars – le président Boudjellal évoque lui-même les Rolling Stones en tournée quand on lui parle de son équipe – comme l’est Toulon ; non, c’est seulement le club qui pratique le meilleur rugby…
L’ASM peut viser le doublé. Comme Toulouse l’avait réalisé en 1996 et envisagé en 2008. Doublé H Cup – Top 14, l’exploit ultime, le Graal jamais touché par un club français depuis que le rugby français est passé professionnel en 1998. Clermont a montré face à Toulon, dimanche dernier, que cette double ascension était envisageable. En tout cas, elle est méticuleusement préparée, c’est certain. Et à voir le plaisir, le bonheur même, avec lequel les «réservistes» auvergnats se sont livrés, se sont lâchés, se sont envoyés, au stade Vélodrome, il est évident que cet objectif est partagé.