WilKing


Bien sûr, à l’heure des cloches de Pâques et des œufs chocolatés, il y a Guillaume Boussès, qui s’applique en cuisine. Mais le vrai Masterchef du Top 14 n’est pas Francilien. Il est Varois. D’adoption. En fait, plus précisément Anglais, champion du monde en 2003 et accessoirement meilleur buteur en activité du Championnat de France. Comme la saison dernière, d’ailleurs.
Aujourd’hui, écoutez bien autour de vous, tout le monde parle vert. Le discours est devenu obligatoirement écologique. On ne dit pas déchetterie, on dit zone d’écosystème énergétique activé. Effectivement, c’est beaucoup plus propre…. On ne dit pas non plus dopage, en rugby, on dit, comme l’a précisé Jean-Pierre Elissalde, dimanche : «J’ai pris deux fois du Captagon». Vu comme ça, nous voilà rassurés.
A Mont-de-Marsan, trente points dans la musette à domicile face à Montpellier qui déroule sans forcer, on ne dit pas «Merdre, on a encore perdu chez nous et ça fait six fois, cette saison», on glisse : «Je suis content du comportement de l’équipe», si l’on en croit Wame Lewaravu, deuxième-ligne montois. Et là, bien entendu, ça change tout. Surtout quand on marque dix points en première période et juste sept en seconde.
Mais le meilleur parlé écologique, c’est celui de Mourad Boudjellal. Il a prévu d’annoncer à Toulon la prolongation du contrat de Wilkinson. C’est calé. Mais son ouvreur fétiche se lâche un peu trop tôt dans The Times. Normal, il y chronique. Commentaire de son président : «Jonny, c’est le patron». Ca, c’est écologique. Pas de déchet, pas de pollution médiatique. Et en plus, l’occasion d’ajouter que la star « a revu son salaire à la baisse » avant de conclure par un « je veux l’en remercier » qui sonne le glas des augmentations au cas où le reste de l’effectif du RCT aurait eu des ambitions financières. Bien joué, président !
Jonny Wilko, dit The King, soit la moitié des points du RCT depuis quatre saisons. Un véritable étalon au poste d’ouvreur, au point de remiser Frédéric Michalak, le dix des Bleus, au rang de doublure à la mêlée, de décaler le génial wallaby Matt Giteau au centre et de renvoyer son adversaire de samedi dernier à Lille, l’espoir parisien Jules Plisson, à la crèche de la porte de Gentilly.
« C’est très important pour nous de savoir que les médias l’aiment parce que nous l’aimons beaucoup. Il est fantastique, sur le terrain comme en dehors (…) En tant qu’homme, joueur, ambassadeur, il est exceptionnel. Il crée quelque chose dans ce groupe. Tout le monde l’adore (…) Il ne mérite que des bonnes choses. (…) Franchement, nous voulons le garder avec nous la saison prochaine. »
Qui a dit ça ? Mourad, encore ? Non. Nasser Al-Khelaïfi, le président du PSG, leader de la L1, 300 millions d’euros de budget. Dans L’Equipe de lundi. Concernant un autre sujet de sa Gracieuse Majesté. David Beckham. Mais ça aurait pu être le président du RCT, leader du Top 14, avec un budget dix fois moindre, évoquant l’autre wonderboy rosbif.
Disposer du deuxième meilleur réalisateur de tous les temps à un coût maitrisé, voilà bien l’écologie du rugby. Tout comme imaginer que Bayonne et Biarritz pourraient partager un stade à Anglet, ou que le Stade Français louera au Racing-Métro et à un prix d’ami le prochain Jean-Bouin en attendant que l’Arena voit le jour. Le poison d’avril se distille quand même dans les esprits chagrins.
Epilogue : M. Al-Khelaïfi a dit aussi : «Les médias sont le miroir de ce que l’on reflète.» Je ne sais pas s’il faut prendre cet aphorisme au premier, deuxième ou troisième degré. Vous en pensez quoi ?

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