Delon Armitage, balle en main, soutenu par Frédéric Michalak et David Smith, tandis que Mathieu Bastareaud se replace au large : la force de frappe offensive du RCT, ici face à l’Aviron Bayonnais, s’affiche comme la plus excitante du Championnat.
Qui peut aujourd’hui considérer le RC Toulon comme une équipe triste à voir jouer ? Même André Boniface, archange s’il en est du jeu d’attaque, que nous avions trouvé lucide et sans concession le 3 septembre dernier dans les colonnes de L’Equipe au lendemain d’une sortie effectivement tristouille des Varois à Mont-de-Marsan, doit aujourd’hui être le premier à apprécier, devant son écran de télévision, six journées de Top 14 plus tard, la performance offensive des hommes de Bernard Laporte.
Lors de la troisième journée, Toulon s’était imposé au stade Guy-Boniface, 29-15, sans forcer son talent, sans même chercher à l’exprimer. « Le RCT ne m’a pas donné l’impression d’avoir envie de jouer, de se surpasser », avait lâché le Commandeur du French Flair. Et ce jour-là, il avait raison, n’en déplaise à ceux qu’il irrite. La réaction des Toulonnais avait explosé en deux temps. Verbalement, d’abord, par Mourad Boudjellal, le président, puis Bernard Laporte, l’entraîneur. Ca avait manqué singulièrement de classe, comme souvent avec ces deux hommes qui lâchent les saillies sans discernement.
J’ai apprécié, en revanche, le deuxième temps de la réponse, celui des joueurs, le temps du jeu, la réaction balle en mains, de mains en mains. Mise aux points qui vient d’atteindre son acmé – du moins l’imagine-t-on tant le score, 59-0, est saisissant – avec la spectaculaire performance des Varois, samedi en fin d’après-midi, à Mayol, face à d’atones Bayonnais qui ne s’imaginaient certes pas gagner sur la Rade mais certainement pas être ainsi engloutis.
Seul club à huit victoires, devant Clermont (7), Toulouse et Montpellier (6), Toulon a marqué son territoire et l’adversaire au fer rouge. Finaliste la saison passée, équipé désormais de ce qui lui faisait défaut, à savoir d’un nouveau duo de piliers de haut niveau susceptibles de tenir la maison en cas d’absence, comme ce fut le cas quand Hayman manqua, puis quand Kubriachvili sortit face à Toulouse en finale, Toulon se positionne en favori pour le titre de Champion de France.
On peut regretter que cette équipe soit construite comme un rubik’s cube, un assemblage de couleurs, une mosaïque d’internationaux venus d’horizons différents. Mais on peut aussi apprécier que l’imbrication des talents donne naissance à une telle machine à jouer, à fantasmer, à ravir les enfants, à marquer des essais. Huit contre l’Aviron. Ce n’est pas rien.
A priori, il n’y a pas de défaut dans l’armure varoise. Qu’on regarde de l’arrière au pilier gauche, il n’y a que des n°1, rien que des noms qui sonnent, des internationaux en puissance (Martin, Suta, Gunther, Orioli, Ivaldi) ou mondialement reconnus (Wilkinson, Michalak, Botha, Giteau, Van Niekerk). Tous les postes sont en double, voire triple, épaisseur. Pas de prise au vent, hermétique et confortable. De quoi viser à la fois la H-Cup et le Brennus. Ce qu’aucun club n’est parvenu à réaliser, à part Toulouse en 1996. Mais, bémol , à une époque où il n’y avait pas de clubs anglais en lice dans la Coupe d’Europe.
La question du jour, dans le daté lundi 29 octobre de L’Equipe est la suivante : le RC Toulon sera-t-il champion de France de rugby ? Six internautes sur dix votent ‘oui’. Ca vous surprend ?