Jonny, d’ailleurs

Enfant, il s’entraînait à buter du pied droit, lui le gaucher, en s’imaginant qu’il «permettait à l’Angleterre de remporter la Coupe du monde d’un drop», selon ses propres mots. Jonny n’a jamais tué l’enfant qui est en lui car son rêve est devenu réalité en 2003, face à l’Australie, à Sydney.Nous y étions.
En attendant, sa mère Philippa, qui le récupérait à l’heure de la soupe, la nuit tombée, sur le terrain qui jouxtait la maison familiale, ne se doutait pas que son cadet quitterait la banlieue de Londres pour rejoindre Newcastle, tout au nord, en suivant son entraîneur de rugby au lycée, l’international Steve Bates, contracté pour coacher les Falcons.
Il n’a pas encore 18 ans, Jonny Wilkinson, quand il devient, sous le maillot noir et blanc, le premier enfant du professionnalisme. Il ne disputa que onze matches durant la première saison, et fit ses classes au centre aux côtés de Rob Andrew, l’ex-ouvreur du XV d’Angleterre. Quelques mois plus tard, il devenait titulaire en dix et débutait, comme remplaçant, avec la Rose.
Qui ne l’a pas vu tôt le matin arriver le premier pour sa séance de jeu aux pieds ne sait rien de ses penchants monomaniaques. Dégagements, chandelles, drops et buts : seize ogives retombaient là où il le souhaitait, véritable ballet de ballons. Lui restait solitaire. Personne n’osait l’importuner. Il butait, seul, d’un côté à l’autre du terrain, pendant une heure.
Puis il participait à l’entraînement collectif du club avant de s’infliger une autre séance de jeu au pied, toujours seul, tandis que ses partenaires, incrédules, le regardaient taper. Eux, ils étaient au chaud dans le club-house, le nez collé aux vitres, et se demandaient comme ce type-là pouvait faire pour aligner ainsi les séances dans la bruine.
S’il pleuvait trop, Jonny louait un vaste hangar à quelques kilomètres de Newcastle pour s’entraîner à l’abri. Mais ce n’était pas assez. Il se rendait dans une salle de sports, dont il privatisait gentiment un des angles, pour effectuer sa musculation spécifique à base de renforcement des épaules – qui étaient devenues fragiles à force de plaquages. Il pouvait aussi rejoindre son préparateur physique personnel pour travailler avec des medecine balls et frapper dans des sacs de sable.
Entre 1998 et 2008, quand il ne pensait pas, ne mangeait pas, ne vivait pas rugby, Jonny Wilkinson organisait son temps avec ses différents sponsors et terminait la journée en défiant son frère ainé, Mark, au golf ou au tennis de table dans le garage d’une villa qu’ils partageaient. Ses rares moments de solitude sans balle ovale, il les occupait à gratter une guitare sur des accords de Red Hot Chili Peppers.
Après 2003, pour espérer obtenir une interview, il fallait s’y prendre au minimum trois mois à l’avance. Et encore, sans garantie de succès. Je l’ai une fois expérimenté à mes dépens… Puis Jonny débarqua à Toulon en 2009. Et s’ouvrit enfin. Un an plus tard, Toulon disputait une finale, celle du Challenge européen, après dix-huit saisons de disette. En 2012, deux finales (Challenge et Top 14) ; en 2013, deux finales, mais une gagnée (H-Cup) ; jusqu’au Graal, ce doublé H Cup-Top 14, jamais touché par aucun club.
La part de Jonny dans ce récent palmarès ? On la mesurera la saison prochaine, puisqu’il ne jouera plus. Qui peut le remplacer ? Michalak, Giteau ? On annonce Dan Carter en 2015: il fallait au moins cela. Le roi est mort, mais crier vive le roi est un peu prématuré. Toulon a placé la barre très haut. Machine à gagner construite recrutement après recrutement, cette équipe a érigé le sang-froid et le pragmatisme en vertus et je suis le premier à écrire que ce n’est pas toujours passionnant à suivre. Mais elle a aussi montré une âme à toute heure. Car on ne réussit pas un tel exploit, double, sans un supplément de tripes et de cœur.

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Quelle histoire !

Samedi, cette finale permettra à un club, Castres ou Toulon, d’entrer dans la légende. Toulon parce qu’il atteindra l’inaccessible doublé H Cup – Top 14, le premier vrai sommet resté encore vierge du rugby pro depuis 1998. Castres parce qu’il inscrira deux fois de suite son nom sur le Bouclier de Brennus, retrouvant ainsi la légendaire génération de 1949-50, celle du capitaine Jean Matheu, des frères Siman, de René Coll et de Jean Pierre-Antoine. Il deviendra alors pour ses contemporains l’égal du Stade Français (2003, 2004), de Biarritz (2005, 2006) et de Toulouse (2011, 2012).
On aurait tort de ne considérer Castres, sous-estimé, qu’à l’aune d’une sous-préfecture. Ce club, dans l’histoire, est bien davantage. Doublement sacré au sortir de la Deuxième Guerre Mondiale (1949 et 1950), il a connu un temps les affres de la descente (deux saisons en Groupe B) comme ses égaux, Lourdes (1945-46, 1952-53), Agen (1965-66) et Béziers (1974-75, 1977-78, 1980-81, 1983-84) qui, eux aussi, ont remporté deux fois de suite, et certains à de multiples reprises, le titre de champion.
Si le C.O. venait à l’emporter samedi soir au Stade de France, il lui resterait à aller chercher les records. Celui de Lourdes, trois fois de suite vainqueur du Brennus (1956, 57 et 58), et ensuite l’extraordinaire série de Toulouse (1994, 95, 96 et 97). Ce qui voudrait aussi dire que Toulon et son armada magique garderaient gravé le côté pile, à savoir l’anti-record indélébile des Clermontois (2007, 2008, 2009), soit trois finales perdues d’affilée.
Le Championnat se partage en cinq périodes : 1892-1914, 1920-1939, 1943-1973, 1974-1997 (époque Parc des Princes) et, depuis 1998, l’ère du Stade de France. La sixième s’ouvrira lorsque la finale du Top 14 (ou Top 12, ou Top 10, cochez votre préférence) se disputera à Evry-Ris-Orangis dans le grand stade de la FFR, vraisemblablement en 2018. Reste que rares sont les clubs qui couvrent, au plus haut niveau, le spectre du rugby français. Je n’en connais que quatre, les «4 Fantastiques» – c’est d’actualité, non ? – le Racing, Toulouse, Bayonne et Perpignan.
Toulon a rayonné sur quatre de ces époques, Castres trois. La place du C.O. n’est pas usurpée : elle raconte un département, le Tarn, dédié au rugby. Gaillac, Graulhet, Mazamet, Carmaux et Albi se retrouvent aujourd’hui dans le parcours aux forceps de cette équipe d’anti-stars (Forestier, Mach, Capo-Ortega, Claassen, Caballero, Tales, Lamerat, Dulin) éclairée à contre-jour par les feux de la rampe dirigés vers Kockott et Gray, les deux seuls à prendre la lumière dans cette phalange.
A l’inverse, les flashs qui crépitent autour du RCT permettent de distinguer quelques sans-grade intéressants, tels le pilier Chiocci et le talonneur Burden. Au pays des forts en reins, des hommes de mêlée et de devoir, deux des trois abonnés aux fauteuils d’orchestre ne possèdent pas de pedigree, de palmarès et de cartes d’internationaux. Toute bardée d’étoiles, la phalange toulonnaise, «cuirassée pour l’épique», ainsi que l’écrit mon ami Benoit Jeantet, devra beaucoup, en cas de succès, à ses humbles.
Une finale pour l’histoire, donc. Elle marquera un virage. Le palmarès du Top 14, qui trouve sa source en 2005, s’enorgueillira-t-il d’un nouveau champion, Toulon, capitale de l’Europe construite pour le succès, ou d’un héraut des villages qui tendent à disparaitre chaque saison un peu plus, l’élite vidant de sa substance la zone Bayonne-Toulouse-Bordeaux, ce sud-ouest qui ressemble désormais au triangle des Bermudes ? Mystère…
Samedi dernier, à Lisbonne et à Cardiff, on a sacré l’Europe au moment où elle n’intéressait, le lendemain, qu’un Français sur trois. Les Eurosceptiques sont désormais dans la fosse quand deux représentants du rugby national, Castres et Toulon, y pénètrent avec la bénédiction de Saint-Denis. Deux clubs, deux visions du monde ovale, deux ambitions, deux parcours, deux histoires aux antipodes l’une de l’autre. Et dire que tout va, peut-être, se jouer sur un rebond.

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Ça fait reset

Pour voir du jeu, il fallait acheter un billet pour Agen ou La Rochelle, voire prendre le shuttle, direction Adams Park. En tout cas, pas débarquer sur Lille. A moins, le week-end dernier, d’être un supporteur inconditionnel des quatre équipes du Top 14 en lice pour décrocher le ticket final. Et le pire, c’est qu’ils n’étaient pas nombreux, dans les travées de Pierre-Mauroy, oriflammes et drapeaux au vent, cornes de brume à l’avenant.
Nous vivons l’ère du «Rugby 2.0», selon l’expression inventée par mon confrère Bertrand Lagacherie pour lequipe.fr. L’ère des joueurs préparés à se rentrer dans la gueule pendant presque deux heures sans broncher, l’ère des essais à zéro passe, l’ère des considérations tactiques hermétiques, de la prise systématique du milieu du terrain à coups d’épaules et de casques, des buteurs métronomiques dont le moindre tir dévissé déclenche une alerte, des… rrrrr. Pardon,  je me suis endormi.
Au final, que gardera-t-on de Lille ? Du monde dans les rues, une droite sur Vincent Moscato (même pas mal) et son sang-froid face à un pseudo-supporteur alcoolisé ; l’erreur de jugement du coach Galthié qui a passé beaucoup de temps à promouvoir son livre, le mois dernier, et un peu moins à lire le règlement en cas d’égalité en phase finale ; les défaites du Racing-Métro et de Montpellier plutôt que les succès de Toulon et de Castres.
En effet, il m’a semblé que les Franciliens, parfaitement à l’aise dans le rôle du défenseur-récupérateur-contreur qui leur avait réussi à Toulouse, n’ont pas été capables de prendre la mesure d’un RCT monolithique en tapant comme des sourds sur la ligne d’avantage. Et qu’est-ce qu’on s’est emmerdé… Les Héraultais, eux, hérauts du jeu de passes, ont été si maladroits qu’il leur était impossible de terminer des actions pourtant bien imaginées. Heureusement que le suspense a compensé le contenu, sinon cette deuxième demi-finale menaçait elle aussi d’enlisement.
Du jeu millimétré, avec feintes, leurres, sautées, redoublées, prises d’intervalle, passes au cordeau, j’en ai vu durant tout un dimanche à suivre ProD2 et barrage de Coupe d’Europe. Il est donc possible, c’est confirmé, d’attaquer en première main derrière une phase statique, de prendre et de donner du plaisir, de sortir de ce que nous appelions, en 1988, le «Rambo-rugby», pratique physico-physique sans regard pour le partenaire, sans intention de prolonger le mouvement, un jeu qui allait – déjà – très vite au sol et nous les brisait en petits tas.
Mais on ne donne pas de note artistique en phase finale. C’est la loi du genre. C’est à cette aune que le RCT est en passe de marquer l’histoire. De finale en finale, un titre européen à la clé la saison passée, les Varois montent en gamme. Ils vont enchaîner l’impossible, à savoir un sacre en H-Cup pour un doublé, le dernier du genre avant la passage à l’ERCC made in Suisse, et un autre en Top 14, attendu sur la Rade depuis 1992. Après Lourdes, Béziers puis Toulouse, voici s’installer Toulon.
Habana, Armitage brothers, Wilkinson, Giteau, Fernandez-Lobbe, les deux Smith, Botha, Williams, Hayman, Burden… Une équipe star constellée d’étoiles telle qu’en rêve le foot français, PSG mis à part. Soit le Barça, le Real ou le Bayern du Top 14, à vous de choisir. Et on en oublierait Bastareaud ; et Michalak, remplaçant de luxe polyvalent, voire Mermoz relégué faire-valoir : c’est dire la richesse de l’effectif.
Cette dream team, certes montée de toutes pièces à grands coups d’euros, prend aujourd’hui le pouvoir. On voit bien que Toulouse et Clermont ne peuvent plus suivre le rythme, que le Racing-Métro, le Stade Français et Montpellier, malgré leurs efforts considérables, n’y sont pas encore. Biarritz, finaliste européen, champion de France, a été finalement lâché dans la course à l’armement. C’est aussi ça, le «rugby 2.0». Et ça fait reset.

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Lille de la tentation


Quand deux des plus grands clubs français prennent la porte des barrages en pleine gueule après avoir tant fait pour le jeu, «large-large» à Clermont et debout pour Toulouse, forcément, ça interroge. Mais il y a trois sortes de mensonges : les mensonges, les gros mensonges et les statistiques. Car comment, avec 12,5 % de chances de l’emporter à l’extérieur en barrage, le Racing et Castres sont-ils parvenus à s’imposer respectivement à Ernest-Wallon et Marcel-Michelin ?
Il faut commencer par oublier les statistiques collationnées durant la saison régulière. Elles ne signifient rien au moment des matches couperets. Les entraîneurs, à l’évidence, privilégient les matches à domicile en alignant leur équipe-type avant d’envoyer réservistes et doublures en déplacement. Il y a donc pile et face pour l’aller et le retour. Difficile, voire impossible, d’en tirer le moindre enseignement fiable. Quand arrive la phase finale, une nouvelle saison démarre. Sauf à considérer que Castres fut seul à faire tomber Montpellier sur sa pelouse, le 23 novembre dernier, 20 à 16…
Les coaches préparent leur plan à partir de séances vidéo, d’analyses, de modules constitués de phases de jeu additionnées afin de savoir qu’elles sont les tendances lourdes d’un adversaire, ses points forts et ses points faibles, ses habitudes. Cela va du sens dans lequel le jeu s’enchaîne jusqu’à la fréquence des lancers en milieu d’alignement dans la zone comprise entre la ligne médiane et les 22 m adverses lors des quinze premières minutes de la seconde période. Du macro au micro.
Castres, indigent à l’extérieur d’aout à avril, et le Racing-Métro, timoré loin de ses bases, ont donc surpris tout le monde le week-end dernier, à commencer par ceux qui leur étaient opposés. En attaquant avec fermeté et conviction, en faisant preuve de dureté mentale et physique, en prenant soin, même au bord de la rupture, de ne pas briser leur chaîne d’union, ces deux clubs ont coupé à pique au bon moment, se débarrassant d’une couleur pour mieux briser les atouts d’adversaires laissés sur le carreau.
Peut-être faut-il voir dans ces deux surprises la patte du duo des Laurent, Labit-Travers. Castres construit, hier, pour surprendre. Tout comme le Racing-Métro aujourd’hui au format équipe de Coupe : conquête, contre, défense, buteur et deux ou trois bons coups joués dans le meilleur timing, au pire moment pour l’adversaire, blessure fatale infligée par la dague glissée sous l’armure. Rien de spectaculaire. Stratégique certainement. Pensé, obligatoirement. On peut ne pas aimer mais, quand même, chapeau.
Vingt-six journées d’aout à avril pour déterminer les deux clubs relégués en ProD2, c’est long… Puis tout remettre à zéro ; reset pour les six premiers. Rupture brutale. Comme une loi nouvelle qui s’impose sans sas de décompression. Pas la peine de produire, d’aligner, de maintenir. Juste se contenter. Rien ne sert de recevoir c’est à point qu’il faut jouer. Toulouse, bancal tout au long de la saison, et Clermont, perdu en demi-finale de H-Cup, en ont fait la cruelle expérience.
Il n’y a pas de note artistique en match éliminatoire. Toulouse, naguère, l’emportait avec sa mêlée. Vendredi soir dernier, elle a été pliée, refoulée, broyée, comme jamais depuis 1983. Clermont, enfumé par sa série d’invincibilité, n’a pas su choisir ses priorités. C’est la loi de ce marché : surtout ne jamais banaliser une phase finale. Le soin méticuleux avec lequel Castrais et Franciliens ont préparé leurs défis rappelle à quel point l’humilité demeure une vertu cardinale.
Maintenant que les barrages ont sauté, les regards sont tournés vers le nord et Lille de la tentation. Toulon et Montpellier présentent d’autres arguments que ceux proposés, la semaine dernière, par Toulouse et Clermont. De leur côté, le Racing et Castres devront élever leur jeu d’un cran. Ou pas. Rester dans un registre compact ou élargir sa palette, telle est la question. Etre rugby or not to be.

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Martyr, revenir


L’absence d’un indéniable talent, François Trinh-Duc, fait davantage parler que la présence de quelques jeunes et nouveaux sélectionnés, Menini, Lamerat et Le Bourhis, dont les prénoms ne sont pas mentionnés dans toutes les gazettes, Alexandre, Rémi et Félix, au sein de la liste des trente et un pour la tournée de l’équipe de France en Australie, en juin.
A l’époque, les Tricolores n’étaient pas surnommés les Bleus et leur maillot, comme leur ballon, pesait une tonne sous la pluie et dans la boue qui étaient la météo et les conditions du rugby. Surdoué au poste de pilier gauche, mais aussi d’ailier, sorte de Moscato d’avant l’ère du talk-show pour son sens de la répartie, Amédée Domenech n’avait pas participé – nous étions en 1958 et je n’étais encore qu’une étincelle dans le regard de mon père – à l’aventure de l’équipe de Mias.
«Tu es le meilleur d’entre nous, mais nous sommes meilleurs sans toi.» Voilà ce qu’avait répondu le docteur Pack à ce pilier volant qui ne comprenait pas pourquoi son talent ne lui ouvrait pas en grand les portes de la sélection nationale. Quelques années plus tard, Pierre Berbizier, qui connait bien l’histoire ovale en grand lecteur qu’il est, avait lâché le même jugement en direction d’Alain Penaud, le Trinh-Duc des années 90. A l’époque, j’étais bien le seul à défendre Alain. Il y avait pourtant Franck Mesnel, Philippe Rougé-Thomas, Christophe Deylaud, Didier Camberabero et Thierry Lacroix sur les rangs.
Alain avait des fulgurances uniques. Mais le courant ne passait pas entre le coach tricolore et lui. Berbizier lui avait pourtant offert 19 sélections, tout 1992, 1993 et 1994, pour au final arrêter de l’appeler. En 2008, 2009 et 2010, Marc Lièvremont a tenu Trinh-Duc à bout de bras contre vents, critiques et marées. Pour finalement lui préférer Parra, un demi de mêlée, à l’ouverture du XV de France durant le Mondial 2011, ce qui est sans doute encore plus humiliant que d’être, vingt ans plus tôt, remplacé par Deylaud.
Que reprochent PSA et son staff à Trinh-Duc, actuellement le meilleur ouvreur du Top 14 ? De ne pas améliorer le rendement du XV de France, de ne pas le tirer vers le haut comme avec Montpellier. De négliger le jeu au pied, de ne pas considérer le mouvement de l’arrière et des ailiers adverses lors de sa prise d’informations, de ne pas jouer en préaction mais en réaction. D’être obnubilé par la ligne d’avantage plutôt que de s’arranger pour que ses partenaires la franchissent. De ne pas toujours bien accepter leurs critiques.
Struxiano, Dauger, Barran, Domenech, Gachassin, André Boniface, même Walter Spanghero, mais aussi Mothe, Lansaman, Maso, Gallion, Cabannes, Charvet, Galthié, Penaud on l’a dit, Fritz, Papé, Chabal… La liste est longue des oubliés, des parias, des revenants, des ostracisés. Les raisons sont diverses et variées. Elles racontent la difficulté d’associer quinze talents au sein d’une équipe, car il faut écouter l’harmonie d’un groupe plutôt que de ratiociner sur la somme des individualités qui, souvent, se cooptent.
Talès, Michalak, Plisson, Lopez… Trinh-Duc n’arrive qu’en cinquième position, aujourd’hui, aux portes de Marcoussis. Il faudrait, pour lui faire une place en tête de liste, que les techniciens tricolores modélisent le jeu autour de lui, comme l’a fait Fabien Galthié à Montpellier. Ce n’est visiblement pas leur envie. Problème, le XV de France n’a emballé personne – pas même moi – depuis février 2012. Je rappelle qu’à cette époque, FTD en était l’ouvreur.
«Quand il reviendra, il sera le plus fort». Voilà ce que m’a dit Philippe Saint-André, en fin d’année dernière, au sujet de Trinh-Duc. La porte de la maison n’est donc pas fermée, mais PSA n’a pas envie de lui en donner la clé. Reste que si Montpellier est sacré champion de France avec un super FTD à la baguette, la veille du départ des Tricolores pour l’Australie, ça risque de faire un peu désordre. Pas sûr que François Hollande réagisse comme Mitterrand en 1989 proposant à Fouroux, par la voix de Glavany, d’emmener l’oublié Charvet en Nouvelle-Zélande, Charvet auteur d’un essai de funambule au Parc des Princes face à Toulon en finale du Championnat.

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Un rocher à remonter

Quand la réalité est plus forte que la légende, c’est donc la réalité qu’il faut imprimer. Et celle-ci, de réalité, est assez prégnante pour nous tenir en haleine jusqu’au dernier souffle de la phase régulière. Ce Top 14, avec tous ses défauts – et ils sont nombreux – n’a toujours pas livré ses conclusions. Il nous faudra donc patienter jusqu’à samedi, 16h30, pour enfin savoir.
En attendant l’ultime classement, une certitude suscite déjà notre réflexion : Biarritz sera en ProD2 la saison prochaine tandis que Lyon rejoindra en Top 14. On sent bien derrière ce mouvement de balancier que la prime tombe dans la poche des métropoles, signalant – mais ça on le savait déjà – qu’il n’y aura plus beaucoup de rugby de « villages » dans l’élite, demain.
Toulon, bien placé, monte en puissance match après match ; mais qui sera l’autre protégé des demi-finales ? Clermont ? Même si les Auvergnats ont la tête encore un peu à Twickenham, cassée, fracassée, le record d’invincibilité à (on dit « au » en langue rugby) Marcel-Michelin aura sans aucun doute un effet boostant. Tout autre issue serait dévastatrice.
Qui emportera la bataille de la septième place qualificative – peut-être – pour l’Europe nouvelle ? Bordeaux ou Paris ? Etonnant de constater à quel point tout peut aller vite dans un sens ou dans l’autre. En début de saison, le Stade Français épatait par son jeu complet : il risque de tout perdre après un dernier mois calamiteux au moment où l’Union retrouve de l’espoir et de la force.
Pour accompagner Biarritz un étage plus bas, là aussi l’emporte la confusion des sentiments. Perpignan, Oyonnax, Bayonne et même Grenoble, qui caracolait pourtant en tête du hit-parade en début de saison, ne sont à l’abri de rien. Retrouver la saison prochaine en ProD2 deux récents champions de France est un signe de bonne santé, il me semble, non ?
Car ils seront remplacés par deux autres grands noms du rugby français. En effet, avec le LOU, d’entre Pau, Narbonne, La Rochelle et surtout Agen (je sais, en tant qu’ancien Rochelais, je devrais être plus « supporteur » mais ce n’est pas ma vocation) le vainqueur de la finale d’accession fera un beau promu.
Tenez, je vous invite une nouvelle fois à la lecture, enrichissante et instructive, de « Rugby Clubs de France » aux éditions Glénat, ouvrage conçu et écrit par trois de nos internautes, à savoir Frédéric Humbert, Antoine Aymond et Nemer Habib. Le web a du talent, la preuve. Pourquoi ce conseil ? Parce qu’on y voit défiler le Championnat hors du temps mais aussi, et ce n’est pas un paradoxe, dans son époque, dans son contexte.
C’est peut-être cela, l’histoire… Une éternel recommencement. Joueurs, dirigeants, entraîneurs, supporteurs et aussi partenaires – c’est dans l’ère – remontent ensemble leur rocher ovale vers le sommet tout en sachant qu’il est possible, à tout moment et parfois très vite, d’en redescendre. Imaginons, au delà des défaites et des succès, ces clubs heureux. Ou alors ce serait à désespérer.

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Goze, toujours

Un personnage d’importance est passé presque inaperçu, ces temps derniers, et pourtant, il ne passe pas inaperçu. Il y a du Ferrasse en lui, et même un peu plus si l’on considère sa stature. Imposante. Comme Tonton, c’est un deuxième-ligne de devoir, et il va falloir lui trouver, très vite, un surnom. La signature LNR-Canal + revue à la hausse, c’est lui. L’accord entre les clubs et les fédérations au sujet de la prochaine Coupe d’Europe, c’est toujours lui.
Vous l’aviez deviné, il s’agit de Paul Goze. Le Catalan. Président de la LNR. Successeur de Serge Blanco et de Pierre-Yves Revol. Souvenez-vous, personne ne misait sur lui. Et pourtant, il est arrivé à ses fins. Quand il a décidé de dénoncer l’accord historique entre Canal + et le Top 14 et celui, tout aussi ancré, liant les clubs français et l’ERC, il a joué gros.
Sûr de lui, et à peine débarqué à la présidence, il s’était donc jeté comme un junior sur les deux plus importants dossiers du rugby pro français. «C’est le plus gros bluff de l’histoire de la LNR. Soit vous perdez tout soit vous empochez tout.» Je me souviens qu’il avait souri, pas démonté par les enjeux, énormes, quand nous avions évoqué les cartes qu’il tenait dans sa main.
Il a joué et gagné. Bravo à lui. Le Top 14 est revalorisé, la prochaine Coupe d’Europe remodelée selon ses souhaits. Dans les deux cas, une grosse manne pour le rugby pro français. Pourtant, vous ne l’entendez pas. Il a la victoire modeste, Paul Goze. J’en connais qui auraient hurlé au succès, s’en seraient arrogé la paternité. Pas de cela chez l’ancien président de l’USAP.
Dans quelques années, la chronique retiendra qu’à la façon d’Albert Ferrasse travaillant contre vents, marées et Celtes pour faire passer l’idée d’une Coupe du Monde, et avec un sens politique digne de Bernard Lapasset au moment d’accorder l’organisation de l’édition 2007 à la France, Paul Goze, toutes proportions gardées, a pesé dans l’histoire contemporaine du rugby.
Je sais, ça n’a rien de glamour, et pourtant… Voilà le Top 14 à la hauteur financière – enfin presque – de ce qu’il mérite et la Coupe d’Europe hissée à un niveau supérieur, sportivement, économiquement et politiquement. En acceptant d’être élu à la tête du rugby pro, il y a deux ans, Paul Goze s’était fixé ces deux objectifs, fédérant autour de lui carpes et lapins, vieux renards et jeunes loups, anciens internationaux, entrepreneurs et propriétaires.
Je n’ai pas cru, au départ, que celui que certains comparent à un roi podagre pourrait s’inscrire dans la modernité, défier au profit de l’élite des clubs français les monopoles télévisuels et les institutions européennes dans un même mouvement. Je me suis trompé. En revanche, en cas de victoire, je savais qu’il n’y aurait aucun triomphalisme chez celui qui a, naguère, permis à l’USAP de tutoyer les sommets.
D’ailleurs, quels sont aujourd’hui les sentiments de Paul Goze à l’égard de son club de cœur qui peine à éviter la descente en ProD2 après avoir été finaliste du Championnat en 1998, 2004 et 2010, remportant le bouclier de Brennus en 2009, lui qui a œuvré rudement au sein du pack catalan et relevé quelques défis en même temps que certaines mêlées ? Son départ d’Aimé-Giral, à l’époque passé presque inaperçu, n’a pas été comblé, visiblement.
Pour conclure, et avant de partir quelques temps en vacances, je vous propose cette saillie du Dacquois Pierre Albaladejo, jamais à court de ce qu’on pourrait considérer comme un aphorisme : «Les supporteurs se demandent toujours s’il faut recruter tel ou tel joueur. Pour ma part, j’ai toujours pensé qu’il fallait d’abord les entourer de dirigeants de qualité.» Et d’ajouter, pour faire bonne mesure : «Un bon dirigeant vaut trois grands joueurs.» Alors, d’après vous et à l’aune de ses succès, combien pèse Paul Goze ?

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Paradoxe


J’ai bien aimé l’euphémisme de Guy Novès après – cochez la bonne mention – la déroute, l’humiliation, la déculottée de Limerick : «Nous avons le sentiment d’avoir été dominés.» On ne peut pas dire moins. Ça doit faire mal au fondement du jeu toulousain d’être pris partout et en même temps. Surtout au presque terme d’une saison terne en tout point.
Sauf que, ne vous y trompez pas, avec deux semaines de plus pour «récupérer et travailler» toujours dixit Novès, le Stade Toulousain ne sera certainement pas loin du dernier carré, voire mieux. La vexation est un ressort que sait bien utiliser le manager. Cela ne changera pas la physionomie de ce qui est jusque-là un parcours médiocre mais justement, il ne reste plus que six matches à disputer.
Samedi dernier, j’ai assisté à l’une des plus belles périodes de rugby jamais proposées. C’était à Marcel-Michelin. Et dans ce contexte, les Tigres de Leicester paraissaient de papier. Buttin, Rougerie, Nalaga, Fofana, Nakaitaci lancés par le duo James-Parra : un pur régal. Le pack jaune avançait comme aux plus belles heures du monstre à seize pattes cher à «Migraine» Ringeval.
Mais une rencontre ne s’arrête pas à la mi-temps. Une fois de plus – c’est son point faible – l’ASM en tête au score, dominateur, irrésistible, spectaculaire même, s’est arrêté de jouer. Sur-régime ? Mauvais calcul ? Sentiment d’impunité ? Aurélien Rougerie évoque «le retour des vieux démons». Comme si Clermont avait du mal à guérir de ses maux endémiques.
En final, la très bonne nouvelle est venue de la rade. Toulon a jailli du tunnel, attaquant à toute vitesse d’entrée, accélérant ensuite pour finir en trombe. J’attendais le Leinster – vu son casting – à un autre niveau. Mais jamais ces Irlandais-là, phagocytés, n’ont pu contester la supériorité varoise. Même lorsqu’ils virèrent de bord à 6-6.
Giteau ouvreur, voilà sans doute la solution toulonnaise. Avec Michalak à la mêlée. Car Tillous-Borde produit des performances peu dignes de son rang d’international. Michalak-Giteau: cette charnière sait occuper sur la ligne d’avantage. Elle fluidifie un jeu direct, ce qui n’est pas donné à tous les demis. Crime de lèse-Jonny que de penser cela mais c’est assumé.
Reste qu’en jouant sur deux tableaux, comme la saison passée, Clermontois et Toulonnais vont devoir effectuer des choix cornéliens. Privilégier l’Europe est l‘objectif avoué des Auvergnats. Toulon, de son côté, rêve de Brennus, c’est acté. Vous allez voir que cette fin de saison va privilégier un outsider. Et je mettrais bien une pièce sur Toulouse, surtout si Dusautoir, Johnston, McAlister, Picamoles, Fritz et Nyanga recouvrent la pleine possession de leurs moyens, que l’on sait grands.

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Remanié

C’est ce qui s’appelle un bouleversement. Commencé le 15 août, le Top 14 semblait s’être stabilisé. Clermont et Toulon en haut, Biarritz et Oyonnax en bas. Et puis voilà, il a suffi d’une journée, la vingt-troisième, pour que presque tout soit remanié – c’est d’actualité. Montpellier leader et Clermont détrôné, le Racing-Métro dans les six, le Stade Français hors du coup, et Bordeaux-Bègles en embuscade.
Dans le bas du tableau, pour accompagner Biarritz, déjà condamné (le mot est un peu fort, je l’avoue, car c’est un championnat relevé) à la ProD2, deux clubs sont venus rejoindre l’US Oyonnax : Bayonne, à égalité de points (44), et Perpignan (46) qui n’en finit pas de chuter. Bien malin qui peut aujourd’hui annoncer le nom du deuxième relégable à trois journées de la fin de la phase régulière. D’autant que Grenoble accuse une inquiétante baisse de régime.
J’aurais bien aimé, et vous aussi j’en suis certain, continuer sur cette lancée, me délecter de la prochaine journée de Top 14, sans arrêt, sans coupure, sans break. Garder intacte jusqu’au bout la dramaturgie. D’autant que le niveau de jeu des rencontres s’affiche en hausse sensible, toutes les énergies se tournant vers la qualification ou le maintien. Et bien non, voilà que revient la H-Cup. Au pire moment.
Il commence en plein été, ce scenario, quand personne ne s’y intéresse vraiment, saucissonné par les tests de novembre, concentré en fin d’année pendant les fêtes et de nouveau haché menu par le Tournoi des Six Nations. Passe encore deux journées européennes de temps en temps, octobre, décembre, janvier. Mais là, c’est une fracture. Qu’on nous laisse finir le Top 14 ! Trois journées, c’est beaucoup demander ? La nouvelle gouvernance arrive, installée en Suisse pour le climat – fiscal, le climat – mais c’est d’un calendrier remanié dont nous aurions besoin. Couper le Championnat au moment où le suspense est à son comble, c’est insérer de la pub avant les trois dernières séquences d’un Hitchcock.
D’accord, c’est du très haut niveau, la H-Cup, surtout à partir de la phase finale. Munster-Toulouse, Toulon-Leinster et Clermont-Leicester valent chacun un test-match. Mais j’avais envie de continuer à regarder le Top 14 : Clermont-Castres ou le défi des incertains, Bordeaux-Toulon pour continuer à rêver en Gironde, Bayonne – Stade Français et malheur au perdant, Grenoble-Montpellier pour assoir un statut de leader, Perpignan-Oyonnax, la peur au ventre…
Il est vraiment grand, ce sport, pour ainsi survivre à ses turpitudes : calendrier à tiroirs, institutions datées, violence généralisée (verbale dans l’élite qui devrait montrer l’exemple, physique et sournoise en Fédérale 3 avec le triste match Véore-Vinay dont on attend avec intérêt l’épilogue disciplinaire), rumeur devenant dans la minute information pas même vérifiée (où l’on apprend par erreur à cause d’un excès de zèle journalistique la mort de Jeff Tordo, vite démentie mais trop tard quand même)…
Ah, au fait, vous vous souvenez de l’affaire de la mêlée bleue dans le Tournoi, évoquée ici même il y a peu ? On s’était promis de porter dès le retour des coupes d’Europe un œil critique sur les mêlées, l’arbitrage anglo-saxon, le côté gauche de la poussée, le droit aussi  (parce que ça valse un peu), pour en reparler à la lumière des sanctions infligées au pack français dans le dernier Tournoi. Toulon, Toulouse et Clermont, nos fleurons, mais aussi Brive et Paris, passeront-ils au tamis des trois commandements nouvellement gravés dans le marbre fin du règlement ? Finalement, histoire de ratiociner, vous allez voir qu’ils vont finir par m’intéresser, ces quarts européens…

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En trompe l’œil

Comme beaucoup, vous serez sans doute repus de rugby – et de beau – après avoir vu Munster-Toulouse, puis Clermont-Leicester. A la fois copieux et raffiné, ce menu… Mais, à mon avis, prenez quand même le temps – si on vous le permet – de suivre la rencontre opposant Oyonnax à Bordeaux, le 5 avril, à 20h35. Vous n’y suivrez sans doute pas une orgie de relances mais elle s’avère déterminante pour la suite, passionnante, du Championnat, cette opposition.
Le premier week-end d’avril est réservé aux compétitions européennes. Clermont, Toulon, Toulouse, mais aussi le Stade Français et Brive, sont concernés à divers titres. Reste que ce petit bout de Top 14 vaudra le détour. Pas pour le jeu (encore que) mais vraiment pour l’enjeu. Il permettra à l’USO, qui n’en finit pas de descendre, d’espérer se maintenir en Top 14 en cas de succès. Ou alors donnera des ailes à l’UBB qui n’en finit pas de monter, dans la perspective d’accéder – quelle récompense ! – à la phase finale.
Aujourd’hui, ils sont sept, les clubs d’élite, à pouvoir sérieusement rêver d’une place dans ce Top 6 synonyme de barrage pour les moins bien classés, de demi-finale pour les autres : Clermont, Toulon, Montpellier, Castres, le Stade Français, Toulouse et le Racing-Métro. Mais Bordeaux pourrait empêcher ces cadors de rester entre eux pour l’emballage final. Bordeaux ? Pourquoi pas…. Mais seulement en cas de succès dans l’Ain.
Je laisse la question suivante à votre sagacité : peuvent-ils la décrocher, les Girondins, cette victoire ? Quelques chiffres. Bordeaux s’est imposé deux fois à l’extérieur : à Biarritz et à Bayonne. Il faut croire que la façade Atlantique sourit aux Bordelais. De son côté, Oyonnax a perdu deux fois sur son terrain : le Stade Français et Montpellier l’ont emporté à Charles-Mathon. Pour autant, est-ce que cela nous donne une indication sur l’issue de ce match en retard ? Aucunement.
Je salive – c’est sans doute parce que je reviens de vacances, sevré d’ovale – à l’idée d’assister en spectateur privilégié à la 23ème journée du Top 14. Brive-Clermont ou le derby du centre revisité. Avec l’avènement du professionnalisme et la descente des Corréziens en ProD2, on avait oublié ce que ce choc entre Coujoux et Jaunards contient d’histoires et voilà qu’elles ressurgissent, plus âpres que jamais. Idem pour Toulon-Toulouse, surtout au moment où les Toulousains – qui retrouvent leur jeu de passes – émargent néanmoins à la sixième place sous laquelle rampe le spectre de la non-qualification en phase finale…
Autre derby d’appellation contrôlée : le duel fratricide entre le Stade Français et le Racing-Métro, clubs présidés par des millionnaires mais qui connaissent – je veux parler des clubs – des fortunes diverses. On sent Paris glisser doucement vers le bas et le Racing monter sensiblement vers le haut. Mais ce sentiment ne deviendra une tendance lourde ou une illusion d’optique qu’au coup de sifflet final, samedi, vers 17h… Impossible de dégager un favori tant est fin l’écart qui sépare, actuellement, ces deux équipes en quête d’un destin national.
Et si Castres doit logiquement s’imposer à Biarritz et Montpellier face à Bayonne, nous en revenons toujours à Oyonnax et à Bordeaux – c’était écrit – qui reçoivent respectivement Grenoble et Perpignan, deux adversaires en difficulté qui ont perdu au fil des matches confiance et hargne. Oyonnax et Bordeaux jouent leur avenir, ce futur proche qui les verra s’affronter une semaine plus tard, eux et rien qu’eux, pour remettre à jour un classement en trompe l’œil. Mais le résultat va impacter les positions occupées par le Stade Français, Toulouse, le Racing-Métro et Bayonne. C’est beaucoup, concédez-le, pour un seul match.

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