Tous contre


Rien ne va plus, faites vos vœux. Paul Goze a fait les siens. 100 millions d’euros au minimum pour revaloriser le Top 14 dont les droits actuels, 35 millions à la louche, sont ridicules si l’on regarde la qualité du produit avec ses têtes de gondoles, Wilkinson, Giteau, les Smith de Toulon, Gear, Morné Steyn, Sexton, Roberts, Lydiate, Pietersen, j’en passe et des meilleurs. Mais Pierre Camou, ci devant président de la FFR, n’est pas d’accord, semble-t-il, pour que la LNR pousse le bouchon encore plus loin, par gourmandise, sans aucun doute, et soutienne son homologue de la Premiership, si ce n’est emboiter le pas des Anglais pour créer une Coupe d’Europe bis, pirate, parallèle, sauvage, je vous laisse choisir le terme idoine.
La prochaine Coupe du monde arrive à toutes enjambées. 2015, c’est demain. Bon d’accord, après demain, mais enfin c’est dans pas longtemps. C’est du moins ce que pense aussi Philippe Saint-André. Je sais que vous n’aimez pas son style un peu larmoyant, ses résultats qui n’en sont pas, mais il a besoin de voir ses joueurs, de débriefer le passé proche et de préparer le futur, c’est-à-dire les trois tests de novembre. Pas une sinécure, ce mois : Nouvelle-Zélande, Tonga et Afrique du sud à la suite… Difficile de faire plus dense. Et bien figurez-vous que Guy Novès n’est pas d’accord. Le manager général de Toulouse reprend la voie des lamentations, rôle de composition qui lui irait bien si nous n’avions pas, dans un petit coin de notre mémoire, le souvenir qu’il a refusé le poste de sélectionneur du XV de France, se trouvant bien mieux dans celui de râleur national.
Personne n’est d’accord avec rien, tout le monde trouve qu’il est mieux d’être contre que pour. L’autre soir, coup de fil. A l’autre bout du combiné Jean-Pierre Rives qui revenait de San Francisco où il exposait. «Richard, écris-nous quelque chose de beau… Il faut parler de ce qui est bien, de ce qui élève l’âme. Il y a de belles choses dans le rugby.» Désolé, Jean-Pierre, je regarde autour de moi, j’écoute, je lis et j’ai beau m’écarquiller les yeux, me laver les oreilles et creuser aussi profond que je puisse aller sans rester planté au fond, je ne vois pas grand-chose de formidablement beau sur lequel glisser des mots.
Je ne vois, ne lis, n’entends que des maux. La Coupe d’Europe est en péril parce qu’elle ne génère pas assez d’argent pour les clubs anglais et français. Le contrat Canal, historique, va être rediscuté parce qu’il ne génère pas assez d’argent pour les clubs français. Le rassemblement de l’équipe de France est critiqué parce qu’il oblige les internationaux à jouer ailleurs que dans leurs clubs. Ils reviendront chez eux pervertis par les idées de PSA, fatigués après avoir fait les courses à Marcoussis, dixit Saint Guy.
En ce début de saison 2013/14 de toutes les renégociations, la somme des volontés particulières est inférieure, et très largement, à l’intérêt général. Nous pourrions aussi parler des recruteurs qui écument les bords de touche pour sauter sans vergogne sur les joueurs en fin de contrat, sur les décisions d’arbitrage vidéo, au plus haut niveau – n’est-ce pas Romain Poite ? – infirmées par l’IRB pour obtenir la paix sociale. On fait difficillement plus vulgaire.
J’ai bien conscience d’avoir tapé en touche, sur ce coup, au lieu d’attaquer dès la sortie du tunnel. Alors, si vous avez du beau, du bon, du bien, n’hésitez pas à nous en faire profiter, ce blog est aussi le vôtre. Au passage, vous ferez plaisir à Jean-Pierre Rives, qui nous lit. Racontez-moi une histoire de rugby, avec de bons rebonds. Et des échappées belles. Clic, c’est à vous…
Cadeau. Pour ceux que ça interesse, la photo est prise dans le vestiaire du collège de Loretto, au sud d’Edimbourg, là où les gamins de l’école se réunirent avant de disputer le premier match de l’histoire du rugby calédonien. Ça, ça fait du bien…

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Tot Siens

Au revoir en Afrikaans. Parce qu’Habana et Kruger (ci-dessus), ainsi que Steenkamp, Steyn et Vermaak sont repartis disputer le Four Nations après avoir découvert rapidement le Top 14, le week-end dernier, histoire de faire courir leur contrat dès le début septembre plutôt qu’à la fin octobre. Avisés et disponibles, les Sud-Africains. Polis, aussi. Comme en témoignent les quelques phrases prononcées à Grenoble par Bryan Habana au micro de Canal + une fois ses dix minutes de match terminées. «Ce n’est évidemment pas le départ rêvé pour mon premier match avec Toulon. Je tiens à féliciter l’équipe de Grenoble, qui a vraiment fait un super match. De notre côté, on a été sous pression une bonne partie de la rencontre et ce n’est jamais l’idéal pour l’emporter. Mais on apprend toujours de ce genre de défaites et nous allons en tirer les leçons pour rebondir rapidement.»
Je lui tire mon chapeau parce que, personnellement, après m’être rendu une demi-douzaine de fois en Afrique du sud depuis 1994, je suis incapable de prononcer la moindre phrase intelligible en afrikaans. Habana, lui, en grand professionnel, a déjà donné beaucoup en très peu de temps. Dix minutes de jeu, donc, quatre phrases en Français, un gros sourire, deux ballons touchés mais surtout vingt-quatre heures d’avion pour rejoindre Brisbane (Australie). Sans compter le vol aller en plusieurs étapes depuis Mendoza (Argentine). Le bilan carbone de Bryan Habana en Top 14 est une catastrophe. Mais son transfert à Toulon une bénédiction médiatique. Seuls Tana Umaga et Frédéric Michalak ont fait aussi bien que lui sur la Rade, c’est peu dire.
Dans les années 60-70 – j’étais un gamin mais j’allais de temps en temps avec mon père voir jouer Valeriu Irimescu avec Angoulême au stade Chanzy – les clubs en difficulté faisaient appel aux Roumains pour les dépanner. Puis dans les années 80, ce fut au tour des Italiens d’intégrer le Championnat, et en 90 les Georgiens. La dernière décennie a vu l’afflux d’Argentins dans le Top 16, puis 14. Aujourd’hui, ce sont les Sud-Africains qui colonisent le rugby français. Ils sont quarante-trois (j’ai pu en manquer quelques-uns, merci Jérémy, Novak et Pipiou) en comptant les deux nouvelles recrues toulousaines. Et en excluant Daniel Kotze, Bernard Le Roux et Antonie Claassen, membres du Quinze de France à part entière, même si c’est avec des fortunes diverses.
On peut s’amuser, ici, à composer une équipe-type. Voici la mienne : Pietersen (Biarritz) – Habana (Toulon), Olivier (Montpellier), Bosman (Paris), Swanepoel (Brive) – (o) Steyn (Paris), (m) Vermaak (Toulouse) – Van Niekerk (Toulon), Cronje (Racing-Métro), J. Smith (Toulon) – Botha (Toulon), Kruger (Racing-métro) – Van Straden (Biarritz), Ralepelle (Toulouse), Steenkamp (Toulouse). Avec ces quinze, les Springboks pourraient remporter le Four Nations. Le banc des remplaçants est musclé, lui aussi : H. van der Merwe (Paris, pilier gauche), Jenneker (Oyonnax, talonneur), Buys (Brive, pilier droit), Rossouw (Toulon, 2ème ligne), Vosloo (Clermont, 3ème ligne), Claassens (Toulon, demi de mêlée), Barnard (Oyonnax, ouvreur), Rudi Coetzee (Grenoble, centre).
Ce qui laisse encore en réserve Muller, Senekal, Gerber et Janse Van Rensburg (Bayonne), Beukes et Roodt (Grenoble), Hume (Clermont), Mostert (Paris), Kockott, Wannenburg, M. Coetzee et Bornman (Castres), Duvenage et Mjekevu (Perpignan), Hauman et Barnard (Brive), F. Van der Merwe (Racing-Métro), Marais (Bordeaux), Van der Heever et Ferreira (Toulouse). Une simple addition prouve que le Top 14 s’est afrikaanisé. Et personne n’a de compte à rendre. Chaque club à son sud-af, voire plusieurs, et c’est normal puisque sous contrat avec leur fédération, ils ne sont pas bien payés, voire même pas du tout. Main d’œuvre corvéable, à disposition, formée au combat et aux chocs, utilisable immédiatement, et qui ne demande que ça tellement les temps sont durs, au pays, entre deux Super 15. Et même pendant le Four Nations.
Du coup, le Top 14 va petit à petit changer de peau. Regardez le jeu sud-africain, direct, frontal. Jeu d’épuisement, avec certes ses fulgurances, mais plus rares que les coups de boutoir sur la ligne de front. Après la Roumanie, l’Italie et l’Argentine, voici l’ère bok. A bloc. Pas de demi-mesure. Une quarantaine de gaillards lancés cette saison et on peut en attendre davantage à mesure que vont se s’additionner les jokers médicaux au fil de la saison. Je n’ai pas, volontairement, parlé de la ProD2, mais Jacques Naude et Jacobus Kemp ont été choisis respectivement capitaines de Dax et d’Aurillac. Un signe qui ne trompe pas. Il va falloir commencer à apprendre autre chose que bonjour et au revoir, à ce rythme-là.

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Filière


C’est reparti et voilà déjà les têtes de gondole. Brive a récupéré l’ailier Alfie Mafi dont la Western Force ne voulait plus pour raisons disciplinaires. Castres a fait signer le blond deuxième-ligne écossais Richie Gray, Grenoble s’adjoint le pilier wallaby Dan Palmer, en provenance de l’ACT Brumbies. Le Stade Français compte désormais l’ouvreur des Springboks, Morné Steyn, dans ses rangs. Montpellier en a pris trois, de recrues qui brillent : l’immense écossais Jim Hamilton, le Springbok Wynand Olivier et le fantasque centre des All Blacks, René Ranger. Toulouse, très économe à l’intersaison, a quand même fait signer, entre autres, Hosea Gear, l’ailier-athlète all black, et le pilier Chiliboy Ralepelle, des Bulls et des Boks.
En fait, il s’agit de trancher entre le Racing-Métro et Toulon pour savoir quel club a effectué le plus beau recrutement à l’intersaison. Côté francilien, en excluant les deux entraîneurs castrais champions de France et les internationaux français, le casting international est copieux : Juandre Kruger (deuxième ligne, Bulls et Springbok), Dan Lydiate (troisième-ligne aile, Newport, Galles et Lions), Brian Mujati (pilier, Northampton), Jaimie Roberts (centre, Cardiff, Galles et Lions), Jonathan Sexton (ouvreur, Leinster, Irlande et Lions) et Soane Tonga’uiha (pilier, Northampton et Tonga). Toutes les lignes sont couvertes.
A Toulon, le président Mourad Boudjellal n’a pas dérogé à sa ligne de conduite : de la vedette, du nom qui sonne, du médiatique. Excusez du peu : Martin Castrogiovanni, le pilier italien de Leicester ; Bryan Habana, l’ailier supersonique des Springboks ; Drew Mitchell, le prodige wallaby ; Ali Williams, la tour de contrôle des All Blacks. Et on vient d’apprendre lundi que Juan Smith, flanker des Springboks, est sorti de sa retraite pour relancer sa carrière sur la Rade. La filière bok marche à fond. L’étonnant James O’Connor libre de tout engagement en Australie, on se demande encore pourquoi il n’est pas depuis dimanche dernier sous contrat avec le RCT.
Qui du Racing-Métro ou du RC Toulon a effectué le recrutement le plus pertinent ? Moi, je suis comme un gamin devant la vitrine d’un magasin de jouets. Et je vais déguster ce Top 14 jusqu’au 31 mai. C’est notre Liga, notre Calcio, notre Premier League ovale tout en un. Parce qu’en plus des stars précitées il ne faut pas oublier Rokocoko, Philips, Chisholm, Pietersen, Balshaw, Ngwenya, Sivivatu, Byrne, Nalaga, Cudmore, Hines, Parisse, Lyons, Ioane, Hook, Charteris, Strokosch, Giteau, les frères Armitage, Claassens, Wilkinson, Hayman, Sheridan, Botha, Fernandez-Lobbe, Masoe, Rossouw, Van Niekerk, Imhoff, Hernandez, Cronje, Qovu, Matadigo, McAlister, Albacete, Steenkamp, Johnston, Tekori, Matanavou, Vermaak…
14 000 spectateurs de moyenne par match. Et combien pour voir jouer l’élite du rugby mondial ? Ils étaient 9 000 en 2005, pour les débuts du Top 14.  Les clubs, c’est évident, sont la force première du rugby français et le Top 14 pèse de plus en plus lourd face à la FFR et au XV de France. C’est d’ailleurs pour cela que la convention qui devait unir, rapidement, ces deux instances pour la libération des internationaux n’est toujours pas signée à l’heure où j’écris ses lignes.
En France, les clubs ont tellement d’importance que trois Espoirs tricolores, Arthur Bonneval, Thomas Ramos et Lucas Chouvet ont signifié à la FFR qu’ils préféraient rester au sein des centres de formation de leurs clubs respectifs (Toulouse et le Racing-Métro) plutôt que de rejoindre Marcoussis et le Pôle France, cette saison. Pour moi, c’est l’info de l’année. Et même des saisons à venir. Il n’a pas déclenché beaucoup de remous, pourtant, cet article. Il était pourtant bien exposé. Du bon boulot signé Nicolas Augot, dans le Midol du 12 aout. Epilogue : ces trois jeunes ont été sanctionnés, interdits de sélection nationale jusqu’à nouvel ordre.
Que trois jeunes talents du rugby français, internationaux chez les moins de 18 ans, refusent d’intégrer plus avant la filière bleue, a de quoi, en ce début de saison, nous interroger.

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Trois passes

Alors que s’amorce déjà la nouvelle saison, dans cet entre-jeu propice aux réflexions, trois personnages hors du commun ont croisé mon chemin. Avant des vacances qui ouvrent une parenthèse ensoleillée de Bilbao à Valencia en passant par Madrid (je vous laisse imaginer la thématique qui sous-tend ce périple), partageons ces instants privilégiés, de ceux qui me font aimer davantage le rugby, si c’est encore possible.
A Bordeaux, invité par Jean Trillo à la remise de sa Légion d’Honneur, j’ai traversé neuf heures non-stop aux bons rebonds de la passion partagée ; avec Vincent Etcheto, bronzé comme un vacancier, pour parler de l’Union, c’est sacré, le sourire aux lèvres ; avec Guy Accoceberry, toujours aussi mince et disert, les All Blacks en filigrane ; avec Pierre Villepreux, retraité comblé qui passe ici et là à hauteur du jeu et jamais du je.
Au cours de la soirée, ils se sont vraiment retrouvés, Jean Trillo et Pierre Villepreux, deux des archanges de ce rugby lumineux relayé aussi, dans les années 60, par Jo Maso et Jean-Louis Bérot. Trillo et Villepreux, deux anciens entraîneurs de l’équipe de France, deux techniciens qui ne parlent que d’exigence. Avec soi, pour les autres. Et non pas avec les autres, pour soi, comme on l’entend trop souvent chez ces pros qui ne se soucient que de leur image.
Ils étaient là, les yeux dans les yeux, une main sur l’épaule de l’autre. Personne n’osait s’approcher trop près, les laissant à leur intimité. Ils se parlaient de rugby. Comme seuls peuvent en parler des puristes qui n’attendent aucune reconnaissance du chaland qui hurle pour ses couleurs et vocifère contre ceux qui ne sont pas de son avis. Ce moment-là était magnifique au milieu d’un aréopage d’amis venus de partout. Imaginez ce que Maso, Trillo, Villepreux et Bérot purent représenter en Nouvelle-Zélande, lors de la tournée de 1968. Trillo dira, ce soir où les belles âmes étaient légion : «Les All Blacks nous ont dit que nous faisions sur le terrain ce qu’ils n’osaient pas tenter…» Autre temps, autre mœurs : aujourd’hui nous regrettons que les Tricolores ne puissent pas contre-attaquer comme des All Blacks en liberté.
Pierre Buet, sur la chaîne 365 Sport, avait réuni Abdel Benazzi et Ryadh Sallem, l’un des meilleurs joueurs de l’équipe de France de rugby-fauteuil. Une place m’était offerte sur ce plateau. La France est actuellement quatrième meilleure nation européenne de la discipline handisport, reconnue aux J.O. de Londres 2012. Un classement plus flatteur que celui des quinzistes valides, derniers du Tournoi. Ryadh Sallem, c’est un gabarit à la Benazzi. Mais les jambes amputées. Un colosse rayonnant sous ses dreadlocks façon Richardson. Il évoque son sport avec tellement de passion que je m’en vais suivre, mi-aout, le championnat d’Europe que ces Bleus à l’âme et à lames vont disputer à Anvers.
Avant de m’éloigner en juillet, je voudrais saluer la généreuse initiative du club d’Albi et de son entraîneur Henry Broncan. Elle consistait à inviter des joueurs professionnels en recherche d’emploi à partager – c’est un verbe qui parle du rugby mais qui n’est malheureusement pas assez employé – l’entraînement et le pain, ces baumes qui touchent à cœur quand il n’est plus possible d’exercer son métier. Ces posts, sur L’Equipe.fr, devraient susciter des commentaires. Plus que pour n’importe quel buzz.
P.S.: en cadeau de fin de saison une rareté, la fameuse photo des « Interceptions » de Denis Lalanne, quand il oeuvrait pour L’Equipe.

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Détails

Impossible de remporter un test-match face aux champions du monde – et c’est la même chose contre l’Angleterre, l’Australie ou l’Afrique du sud – en commettant deux fois plus d’erreurs que l’adversaire. Il faut surtout être maso pour s’infuser encore et encore le dernier Nouvelle-Zélande – France, celui de samedi dernier, perdu 30-0 à Christchurch. Mais c’est à ce prix-là qu’il est possible d’apercevoir un début d’explication à cette défaite.
En première période, les Bleus ont commis 18 fautes. Technique individuelle défaillante, faute intentionnelle au sol, maladresse : tout l’arsenal de ce qu’il ne faut pas faire a été présenté en quarante minutes. Podium pour Maxime Machenaud (5), Louis Picamoles (4) et Dimitri Szarzewski (3). C’est donc bien, malheureusement, l’épine dorsale du XV de France, composée de son talonneur, de son troisième-ligne centre et de son demi de mêlée, qui a failli, mettant toute l’équipe sous pression.
Dans le même temps, les All Blacks ont lancé 6 combinaisons de jeu, échouant trois fois devant l’en-but tricolore (27e, 31e, 34e). Ils ont marqué un essai (4e) en contre sur un lancer bleu, ballon dévié puis vite utilisé dans le côté fermé. Elle aussi, l’équipe de France a lancé 6 combinaisons (5 après touche) pour une seule occasion franche (40e) terminée par un en-avant. Un handicap de seulement 10 points à la mi-temps, vu l’indigne déchet technique, c’était bien payé.En seconde période, l’équipe de France a initié 11 séquences de jeu, contre seulement 5 combinées par les All Blacks. Quant au nombre de fautes, de celles qui cassent le rythme, 11 côté français et 8 côté néo-zélandais, ce qui ne constitue pas un écart significatif, contrairement à la première période. On peut dire, sans risque de se tromper, que la France a pris le match à son compte, sans jamais fléchir, même en étant menée 30-0 au tableau d’affichage, ce qui peut, effectivement, faire dire au manager Philippe Saint-André que «les joueurs ont tout donné», y compris le bâton pour se faire battre.
Visiblement, personne ne parvient à comprendre pourquoi les Bleus en sont arrivés à prendre trente points secs alors qu’ils avaient laissé entrevoir des espoirs durant le premier test, à Auckland, perdu 23-13. Personnellement, après avoir analysé ce match jusqu’à m’en abîmer les yeux, je vois trois raisons qui peuvent expliquer cette défaite humiliante, sur le fond comme sur la forme. Les voici.
1-Trop de fautes individuelles, au moins 25, dues à un bagage technique défaillant, alors que les All Blacks furent deux fois plus précis dans leurs gestes. 2- Quatre décideurs (Szarzewski, Picamoles, Machenaud, Michalak) en dessous de leur niveau habituel. 3- Quatre actions de plusieurs minutes (39e, 45e, 74e, 79e) avec de nombreux temps de jeu, soit une énergie importante déployée pour conserver le ballon devant l’en-but kiwi, pour un bénéfice nul ; pis, deux essais en contre encaissés (49e, 77e).
Une seule de ces raisons (fautes, articulation pas huilée, inefficacité) est lourdement pénalisante au plus haut niveau. Alors, les trois ensemble, c’est le fiasco assuré. Au final, s’il y a matière à se réjouir de quelque chose, ce sera de performances individuelles, comme celles de Florian Fritz au centre, de Bernard Le Roux en troisième ligne, de Benjamin Kayser au talonnage, de Nicolas Mas, Luc Ducalcon et Vincent Debaty en piliers, sans oublier Thierry Dusautoir et de Yoann Maestri, qui ont beaucoup bataillé. Mais une équipe n’est pas l’addition de quinze joueurs. C’est bien plus que cela. Et c’est ce que Philippe Saint-André et ses deux adjoints ne sont pas encore parvenus à réaliser : élever le XV de France au-dessus de la somme des parties qui le composent.

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Emmêlé

Des secouées, l’équipe de France en a pris quelques-unes, en Nouvelle-Zélande. Sans remonter au troisième test de 1961 ni prendre en compte la double déconfiture annoncée de 2007, les Tricolores ont perdu plus qu’à leur tour au pays du long nuage blanc. De belles équipes de France auraient pu accrocher un succès face aux All Blacks, comme celles de 1968 auréolée du premier Grand Chelem de l’histoire de France ou celle de 1984 qui en méritait un, de Grand Chelem – mais c’était sans compter sur les largesses de l’arbitre, M. Jones, en Ecosse.
Si les Tricolores (à cette époque, on ne disait pas encore Bleus car le foot n’était pas passé par là) de 1987 furent débordés en finale de la première Coupe du monde, ceux de 2011 méritaient de la remporter, cette finale, qui fut d’ailleurs leur seul match abouti de toute la compétition. Des fortunes diverses, on le voit, accompagnent l’équipe de France à l’autre bout du monde. Certains matches perdus de peu, d’autres plus largement. Des tests au banc d’essai, d’autres aveugles. Une épopée que les scores ne racontent pas.
J’avais deux ans en 1961 mais d’après ce que les observateurs présents en Nouvelle-Zélande cette année-là m’en ont dit, Cazals, Domenech et Bouguyon n’avaient pas failli. Idem en 1968, concernant Esponda, Iraçabal, Noble et Lasserre. Par la suite, et là j’en ai été le témoin, l’impact laissé à ce poste si particulier de pilier par quelques Français obligea même les All Blacks à considérer la mêlée comme une phase de combat incontournable, eux qui ne la voyaient que comme un lancement de jeu.
Les Néo-Zélandais vouent aujourd’hui à des piliers de chez nous, citons Jean-Pierre Garuet et Christian Califano, une admiration à la hauteur de celle qu’ils offrent à leurs propres légendes de la première ligne, à savoir Wilson Whineray et Sean Fitzpatrick, ce qui n’est pas peu dire. Mieux, les Auckland Blues en panne d’hommes forts allèrent jusqu’à recruter Califano pour tenir leur mêlée dans le Super 12, immigration ovale qui n’avait jamais été envisagée avant. Et qui n’a jamais été reconduite depuis.
Alors quand j’ai vu reculer la mêlée française, samedi dernier, à l’Eden Park, quand je l’ai vu pénalisée, puis emportée, j’ai senti que tout un pan de notre culture s’écroulait. Dans le même temps où Florian Fritz perçait au centre comme un Jo Maso des plus belles années sur ce même terrain de l’Eden Park et, par la grâce d’un déhanchement de haute facture, servait à l’intérieur Wesley Fofana venu à sa hauteur, le dénommé Daniel Kotze était plié comme une carte routière par son vis-à-vis, avant l’heure de jeu.
Trois marques caractérisent le rugby français : le jeu de passes, l’inconstance et le combat en mêlée. Pour les deux premières, pas de souci, le label perdure. Mais en ce qui concerne la mêlée, samedi, quelque chose s’est brisé. C’est réparable, bien sûr, et la rentrée du futur Montpelliérain Nicolas Mas devrait apporter une garantie de solidité, mais derrière lui, si l’on considère Luc Ducalcon comme le dernier rempart avant l’effondrement de «la maison du ballon», le rugby français a du souci à se faire.
Comme vous, j’attends avec impatience le deuxième test contre les All Blacks, ce samedi, à Christchurch. La faillite de la mêlée française, le 8 juin, est un choc tellurique d’une amplitude jamais atteinte. Elle coûte aux Tricolores une victoire qui, à défaut d’être totalement méritée, aurait récompensé de belles envies offensives, un formidable élan collectif et une discipline retrouvée. Cette reculade laissera des traces. Elle fait injure à toute une lignée de piliers bleus dont le premier devoir était, justement, de ne pas céder. L’honneur d’une corporation sera en jeu, samedi 15 juin, et j’ai l’impression que nous serons nombreux à pousser.

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Neuf sur dix

Au milieu du flot des émotions et des célébrations, ça ne vous a pas échappé. Le rugby a battu, samedi, deux records de participation. 5,7 millions de téléspectateurs pour la finale de Top 14 entre Toulon et Castres, et pas tous pour voir jouer Jonny Wilkinson, visiblement. 80 033 spectateurs au Stade de France, samedi, pour deux tiers de supporteurs des deux équipes. Là aussi, record battu. Dans une période où tout est à la baisse, ça fait du bien de constater que les rebonds de la balle ovale montent de plus en plus haut.
Mais il y a un sondage qui surpasse ces bons chiffres. Il était discrètement mis à disposition des journalistes en salle de presse du Stade de France, samedi. Oh, rien d’ostentatoire… Juste posé sur un rebord de table. Pour mémoire, il a été diffusé jeudi 30 mai par le quotidien gratuit 20 minutes et réalisé par BVA pour la LNR sur un échantillon de 988 personnes recrutées par téléphone et interrogées par internet, fin mai… Au passage, pourquoi pas mille ? Mystère.
Que dit-il, ce sondage ? Que 62 % des Français préfèrent le rugby au football. Rien de moins que ça. Certes, « le foot reste le sport le plus pratiqué et le plus regardé », dixit BVA, mais « son image s’est en revanche très fortement dégradée pendant que celle du rugby n’a cessé de s’améliorer ». Au pays des Champions du monde 1998, lointaine période, seulement 33% des Français préfèrent le football au rugby.
« Plus inquiétant pour le football », signale BVA, « chez les plus jeunes (15-24 ans), la préférence pour le rugby est écrasante : 69 % contre seulement 29% au football. » Et l’institut de sondage d’ajouter : « Si le rugby reste un peu plus souvent préféré des CSP +, des femmes et des habitants du sud de la France (75% dans le Sud-Ouest contre 52% dans le Nord-est), dans aucune catégorie, ni socio-démographique, ni géographique, le football n’est plus aujourd’hui préféré au rugby. »
Les mots qui reviennent pour décrire le rugby ? « Respect », « valeurs positives » (Aïe, aïe, aïe, ça va faire grincer quelques dents), « convivial », « sympathique » (ça c’est un peu neu-neu, quand même), « familial », « fédérateur ». Conclusion de BVA : « Ces chiffres confirment la domination du rugby sur le foot en terme d’image (…) Or, l’image précédant souvent la pratique, sans doute, dans les années à venir, la pratique du rugby devrait encore augmenter, en même temps que son audience à la télévision devrait de plus en plus rivaliser avec celle du football. »
Et pour en finir avec les chiffres, un petit dernier pour la route. A mettre dans un bon camembert. A la question ainsi posée : «Vous, personnellement, avez-vous plutôt une meilleure image du football ou du rugby ? », les 988 sondés ont répondu par internet à 91% en faveur du rugby, 6 % en faveur du football et 3 % sans opinion. Ça se passe de commentaire, me semble-t-il. Mais je peux me tromper, encore une fois…

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C’est haut

Souvent revient le même constat : que le Castres Olympique l’emporte et voici qu’il s’agit de mettre en exergue la contre-performance de son adversaire. En presque trente ans de carrière, j’ai constaté que les succès castrais étaient rarement valorisés. Comme si gagner face à cette équipe-là paraissait logique et perdre face à elle incongru. Vous l’avez sans doute vous aussi constaté, il n’y a quasiment aucun gros titre dans la presse, spécialisée ou généraliste, pour magnifier les victoires castraises.
Champions de France, en 1993, face aux mammouths de Grenoble, les Castrais furent instantanément privés de leur bonheur : un cliché montra que leur essai, celui du all black Gary Whetton, n’était pas valable puisque le demi de mêlée isérois Franck Hueber avait aplati dans l’en-but. Ils durent donc convaincre leurs détracteurs qu’ils n’avaient pas été protégés par le pouvoir fédéral, celui de Bernard Lapasset et, dans l’ombre, celui d’Albert Ferrasse, lesquels ne souhaitaient pas voir le paria Jacques Fouroux, coach du FCG, monter en tribune officielle récolter le bouclier de Brennus.
Castres est un club de village porté financièrement par un groupe pharmaceutique sans lequel il évoluerait depuis longtemps en Fédérale 1, et il n’y a pas de mal à ça. Castres n’a rien de glamour, dit-on, mais pour avoir longé les berges de l’Agout et visité le musée Goya, je peux vous assurer que cette sous-préfecture ressemble, par endroit, à Florence, toutes proportions gardées. Phagocyté par Toulouse tout proche, dépassé dans la course à l’armement par Toulon et le Racing-Métro, le C.O. résiste avec ses valeurs, immarcescibles, à savoir la solidarité défensive, la consistance tactique, l’humilité, l’effet de surprise et une mêlée compacte où les liens entre les hommes sont aussi importants que les serrages.
Vingt ans après son titre, la cité où naquit Jean Jaurès revient en finale, et l’opposition que va lui fournir le RCT, samedi soir, est un choc culturel. Ville contre village, président-propriétaire contre président-gestionnaire, groupe étoilé face à un effectif constant, champion d’Europe en titre face au champion du Tarn, comme l’a lâché récemment Pierre Berbizier. Battre ce Toulon-là installé dans une spirale ascendante, c’est atteindre un sommet situé haut, très haut. Trop haut ? On peut l’imaginer tant la puissance varoise pèse, tant compte la botte de Jonny Wilkinson.
Durant cette phase finale, Castres a contré, samedi dernier, la machine à mouvements clermontoise comme il avait détruit, auparavant, le système de jeu montpelliérain. Castres, équipe caméléon douée d’une remarquable intelligence tactique, capable d’engluer n’importe quel adversaire ambitieux, mérite de revenir sur le devant de la scène, sous les éclairages, dans la loupe des médias. Castres, c’est aussi le duo Labit-Travers, un ouvreur champion de France (1993) et un talonneur champion d’Europe (1997) et, en recrutant ce tandem de techniciens, le président du Racing-Métro, Jacky Lorenzetti, a prouvé qu’il ne s’est pas trompé de chefs d’orchestre.
Alors, oui, Castres, ce n’est pas aussi vendeur que Paris, Biarritz, Bayonne, Toulouse, Perpignan, Montpellier, Clermont ou Toulon. Oui, Castres est difficile à jouer, à contourner, à battre et à abattre. Dans un rugby pro parfois bling-bling, ce club est, je l’avoue, un anachronisme ; comme une survivance de l’ère amateur, d’une époque où Albi, Gaillac, Mazamet, Carmaux et Graulhet tenaient, eux aussi, et parfois en même temps, le haut du pavé. Oui, Castres ne devrait pas être capable de battre Toulon, samedi, au Stade de France, et fera un excellent sparring-partner. Et oui, les deux Laurent vont jouer sur cette corde sensible, tendue à l’extrême, comme s’il s’agissait de la dernière chance pour cette ville, cette équipe, de faire parler d’elle.
Avant de parier sur l’écart que va lui infliger le RCT, n’oubliez pas que Castres aligne plusieurs internationaux français dans ses rangs : le pilier Yannick Forestier, le deuxième-ligne Christophe Samson, les troisième-ligne Antonie Claassen, Ibrahim Diarra et Yannick Caballero, les ailiers Romain Martial et Marc Andreu, l’arrière Brice Dulin. Sans oublier Lazar (Roumanie), Capo Ortega (Uruguay), Taumoepeau (Nouvelle-Zélande), Tekori (Samoa), Wannenburg (Afrique du sud) et Bai (Fidji). Voire Talès, qui sera de la tournée du Quinze de France en Nouvelle-Zélande au mois de juin prochain. A défaut de susciter autant de considération que l’armada toulonnaise, une telle composition mérite le respect.

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Cadeau

Nalaga inscrit le premier essai de Clermont en finale de la H Cup 2013

Il faut l’écrire : j’ai eu tort. Tort de penser que cette finale en terre irlandaise n’avait rien d’européen puisqu’elle associait deux clubs français. Tort de penser que le stade serait aussi vide qu’en 2003 pour Toulouse-Perpignan. Tort de n’avoir pas vraiment envie d’y aller. Quand on se plante de cette façon, sur les grandes largeurs, et bien il ne pas hésiter à présenter son mea culpa. C’est fait.
Maxima, voilà ce qu’elle était, cette finale 2013. Et je vais vous la raconter de l’intérieur, comme si vous y étiez. D’abord, il y a le Leinster. La veille. Qui lâche des accélérations stratosphériques autour de Kearney, Sexton, Cronin, Nacewa, Madigan… Un prélude bleu  en Challenge européen dans un stade baigné par le soleil couchant. Un public de connaisseurs, le silence pour les buteurs et le droit de boire des bières en salle de presse. Du rugby, quoi…
« Allez les Bleus ! » chantaient les supporteurs du Leinster, sans doute aussi parce que Sexton va rejoindre le Racing-Métro dès demain et que Ronan O’Gara, du Munster, va le rejoindre. Et pas pour 300 000 euros comme malencontreusement écrit dans les gazettes dublinoises. Ensuite, il y a Dublin, ses docks tous neufs, ses rues piétonnes, ses vestiges vikings et son musée des écrivains, Oscar Wilde et Sean O’Casey, mais surtout James Joyce et Samuel Beckett, les Dublinois du Quartier Latin.
Samedi, il y avait la déferlante des supporteurs auvergnats. Impressionnant, ce long ruban jaune et bleu le long des berges qui mènent à l’Aviva stadium. La Yellow Army a été à la hauteur de sa réputation. « Ici, ici, c’est Montferrand !» résonnait dans le stade, et Jonny Wilkinson y a reçu une ovation digne de Bono quand son nom et son visage sont apparus sur l’écran du stade, quelques minutes avant le coup d’envoi. Ca, c’est rugby…
Cette finale restera comme celle du suspense absolu, un chef d’œuvre d’émotions. Explosion de rugby servie par un casting de rêve. Ceux qui y étaient pourront dire : « J’ai vu le meilleur d’une génération au sommet de son art », Wilkinson, Bastareaud, Michalak, Botha, Rougerie, Nalaga, Bonnaire… Je pourrais tous les citer tellement les quarante six acteurs furent grands dans la victoire comme dans la défaite. En salle de presse, juste devant moi, j’ai vu les yeux embués de Rougerie faire luire son visage de Botticelli, les regards songeurs de Wilkinson et de Bastareaud ; ils hésitaient entre pleurer de joie et rire aux larmes.
Surtout, ce qui m’a marqué, c’est le silence respectueux des deux colonies de supporteurs quand les buteurs, Morgan Parra et Jonny Wilkinson, se trouvèrent tour à tour à l’ouvrage. Auvergnats et Toulonnais ont été à la hauteur de l’événement, à la hauteur des joueurs qu’ils encouragent et qu’ils soutiennent. La grande classe. Ce silence, je vais le garder longtemps comme un cadeau. Il est rugby. C’est du Mozart qui se poursuit une fois cette finale achevée.

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Nord-Sud


Quel point commun y a-t-il entre Lille et le Kenya ? A priori par grand-chose et pourtant… Le Kenya se révèle au plus haut niveau international tandis que Lille se prépare à rejoindre la ProD2. Les Kenyans ont perdu de peu la « petite finale » du tournoi à 7 de Londres, dimanche, face à l’Angleterre et Les Lillois affronteront Bourg-en-Bresse, en demi-finales aller-retour de Fédérale 1 pour rejoindre l’élite française.
Il n’y a pas de bon bec que dans le sud-ouest. Même si on y mange bien, et parfois mieux qu’ailleurs. Ah, déguster la tête sous le chiffon des petits oiseaux du coté de Peyrehorade avant de terminer le repas par un Armagnac hors d’âge… Mais ce n’est pas le sujet. Regardons plutôt le tableau des demi-finales de Fédérale 1 pour constater, donc, que Lille ou Bourg sera en Pro D2, la saison prochaine. Le rugby d’élite monte, monte…
Pour contrebalancer la descente de Massy, club de banlieue parisienne, en Fédérale 1, il serait bon que le rugby s’approprie enfin tout le territoire français. Car à la longue, c’est très désagréable de s’entendre dire par des béotiens que le rugby n’est qu’un sport régional, confiné dans des provinces qui ressemblent à des terroirs, et que ses clubs d’élite sont souvent regroupés dans des enclaves.
A l’échelle mondiale, c’est aussi le cas, malheureusement : le rugby à quinze vit à travers quelques nations anglo-saxonnes, une poignée de Latins et un chapelet d’îles océaniques. Depuis 1987, se dispute la Coupe du monde, mais le monde n’y est pas représenté. Il n’y a aujourd’hui que le rugby à 7 pour avoir une surface portante élargie à tous les continents. Le World Seven Series, qui vient de se terminer à Londres, le week-end dernier, devant 72 000 fervents réunis à Twickenham, peut nous en convaincre.
A notre toute petite échelle, on voit bien que Nevers, soutenu par un mécène du textile et déjà en configuration professionnelle, se présente sérieusement aux portes de la ProD2. Lille, sous la houlette de l’ancien trois-quarts centre international Pierre Chadebech, peut y accéder dans quinze jours. Massy, club formateur (Marlu, Lamboley, Millo-Chluski, Marchois et Bastareaud sont passés par l’Essonne) a les moyens d’y revenir. Oyonnax sera bien, lui, en Top 14, la saison prochaine quand Lyon promettait de l’accompagner… Tout cela nous parle.
Certes, impossible de forcer les choses, mais à l’évidence, l’avenir du rugby d’élite français se conjugue au nord. Enfin, le nord, disons plutôt au-dessus d’une ligne tracée entre La Rochelle et Bourgoin. Et franchement, quitte à faire hurler les puristes, j’espère que dans un proche avenir, Nantes – qui accueillera bientôt et ce n’est pas un hasard les demi-finales du Top 14 -, Strasbourg, Rennes et Rouen trouveront le chemin du très haut niveau. Question d’envergure.

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