Lumière(s) de Juilet

Mac Orlan, Gracq, Blondin, Giraudoux, Lacouture, Capron, Tillinac, Dubois, Embareck, Dessaint : les écrivains français et le rugby entretiennent un lien privilégié. Et la Nouvelle-Zélande rêve de remporter le trophée Webb-Ellis pour la deuxième fois consécutive. Rencontre avec Charles Juliet, un des rares à s’être rendu au pays du long nuage blanc. Par un autre écrivain, Benoit Jeantet*. C’est cadeau.
«En gare de Lyon-Perrache, quel temps pouvait-il faire à l’autre bout du monde ? Repenser à la Nouvelle-Zélande, c’est convoquer l’image poétique d’un pays enraciné dans le mythe par la seule magie d’un maillot noir. Revenir aussi au livre éponyme de Charles Juliet. Le but de notre voyage à Lyon : le rencontrer, à la lumière du journal qu’il a tenu entre août 2003 et janvier 2004.
En haut de la volée de marches menant du quai à la salle des pas perdus, sa silhouette timide apparait en retrait. Pardessus bleu nuit. Foulard noué autour du cou. Charles Juliet et son élégance stricte. Visage émacié. Traits rudes sculptés dans le dur de l’existence. Une poignée de main cordiale. Il nous invite à le suivre dans les rues de Lyon presqu’île. De cette moitié d’île à cette île absolue qu’est la Nouvelle-Zélande.
Etre à l’écoute et savoir regarder au-delà des choses et de leurs apparences : le propre des grands écrivains. Ami de Beckett. Confident des peintres. Romancier, poète et dramaturge. De Fragments au dernier tome de son Journal, Charles Juliet n’a cessé d’approfondir cette quête intérieure de soi doublée du désir profond de comprendre l’autre et le monde. Alors en Nouvelle-Zélande, ce regard, par quoi a-t-il été d’abord frappé? «Par les rapports entre les gens. Plus libres et plus faciles qu’en France.» Par la quasi absence de barrières. «Dans une société aussi cosmopolite que la leur, on ne retrouve presque aucune trace de classes sociales, au sens où on le conçoit. Bien sûr, il y a des riches et des pauvres. Et des problèmes sociaux. Mais cette absence de formalisme dans les relations m’a d’emblée saisi. Les Néo-Zélandais sont affables et bien disposés avec l’étranger. Lorsque j’ai souhaité rencontrer un ancien joueur de renom, un poète ou une écrivaine, cela s’est toujours fait très facilement.»
La Nouvelle-Zélande est constituée de deux îles principales. Deux collines surplombent Lyon. Une pour prier. Une autre pour travailler. Nous nous arrêtons pour évoquer l’impression d’extrême isolement ressentie au long de son séjour. «Là-bas, on se sent en permanence très loin de tout. Presque coupé du monde. Pendant de nombreuses années, la Nouvelle-Zélande n’apparaissait pas sur les cartes. De là a pu naître un sentiment d’exclusion. Un manque de reconnaissance dont ils ont beaucoup souffert et dont, je crois, ils souffrent encore.» Charle Juilet glisse son admiration pour certains rugbymen, dont Lionel Nallet. «Lui, il est de Bourg.» Comprendre Bourg-en-Bresse, préfecture de l’Ain, département où Charles Juliet a vu le jour. Un 30 septembre 1934. A Jujurieux.
Enfance rurale passée au cul des vaches. Arraché à sa mère, il est placé dès l’âge de trois mois dans une famille de paysans suisses. A douze ans on l’envoie dans une école militaire. L’expérience douloureuse du Prytanée, temps des brimades, des violences sournoises et de l’enfance «cette maladie dont on ne guérit jamais», lui fourniront la matière de Lambeaux et de L’année de l’éveil, où on croise un jeune Juliet très dur au cuir. «Enfant de troupe, j’ai immédiatement été attiré par le rugby.» Parce que ce sport parlait autant «aux entrailles qu’à la tête.» Parce que «si l’on sait voir, on peut tenir sa place.»
Le rythme de sa respiration impose un murmure. Une voix douce, apaisée, s’écoule à mots comptés. Le vent s’engouffre au moindre angle de rue où il trouve du champ. Vent néo-zélandais, et ses bourrasques à décorner un bœuf de première ligne. «En plein hiver, on voit des fleurs de partout, pourtant, dès qu’il commence à souffler, Il n’est pas rare que des gens soient renversés. A Wellington, j’ai entendu dire qu’à cause de lui, on peut vivre les quatre saisons en l’espace de quelques heures.» Un pays dur aux hommes lesquels vont bravant l’intempérie parfois très courts vêtus. Les Néo-Zélandais auraient-ils des gènes différents de ceux du reste de l’humanité? Lorsqu’il se revoit marchant parmi eux, emmitouflé, l’écrivain serait volontiers tenté de le croire. Surtout que. «Ayant assisté à plusieurs matchs, j’ai eu le plaisir de constater que, malgré la pluie battante, le froid et ce vent, le ballon ne cessait de vivre de main en main.»
On s’attable autour d’un café. Aussi noir que le maillot de ces colosses aux pieds nus. L’obligation de victoire leur pèserait-elle sur les épaules plus que le monde en son entier et si oui, d’après lui, pourquoi ? L’écrivain aborde ce qui lui parait essentiel pour bien comprendre le lien irrationnel unissant les All Blacks à leur pays : «Les Néo-Zélandais ont un problème d’identité. Ils vivent très mal le fait d’être éloignés du reste du monde. D’en être comme tenus à l’écart.» Presque à se demander si la Nouvelle-Zélande est vraiment un pays. «De plus en plus, il me semble. D’abord parce que les cultures ont fini par se mêler, à l’exception des Maoris qui vivent toujours avec le sentiment d’avoir été spoliés. Et puis surtout parce que cette équipe des All Blacks a permis au pays de s’unifier. Qu’autour d’elle un principe identitaire a fini par émerger.» 
Là-bas, le rugby est bien plus qu’un sport, «dans la mesure où chaque victoire modifie les regards que le monde porte habituellement sur ces deux îles isolées. Où l’immense respect qu’inspire les All Blacks à leurs adversaires rejaillit sur tous et contribue à renforcer ce lien identitaire. Entre les composantes de la nation néo-zélandaise et son équipe, au fil du temps, une charte tacite aurait été conclue.» Lien d’autant plus fort, incompréhensible, presque déraisonnable à nos yeux, que «bien sûr, quand la victoire n’est pas là, toute une nation se sent profondément meurtrie. Elle peut avoir le sentiment de perdre la meilleure part d’elle-même.» Comme si elle redoutait de basculer à nouveau dans l’oubli.»
* Auteur de Short Stories (Atlantica), Prière de ne pas donner à manger aux animaux (Atlantica), Dictionnaire du désir de lire (Honoré Champion), Nos guerres indiennes (Publi.net), et Nos rêves sont priés de prendre une douche froide (Jacques Flament).

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Science physique

Quand on vu, en demi-finales, le niveau d’engagement des joueurs de l’hémisphère sud dans les impacts, les contacts, les plaquages et les déblayages, il sera difficile désormais d’ironiser sur leur Super Rugby naguère jugé trop spectaculaire pour être totalement efficace. Jamais dernier carré mondial n’a atteint une telle intensité physique, jamais nation du nord n’en avait été absente.
Le rugby du Tournoi s’est perdu sur le chemin de Twickenham. Samedi et dimanche dernier, Gallois – au complet – et Ecossais, motivés comme ils l’étaient en quart, auraient pu tenir le choc. Les Anglais sans doute aussi, mais on n’en saura rien. Quant aux Français, si peu engagés sur le front du combat collectif et individuel, ils auraient sombré dans des profondeurs abyssales jamais atteintes, au-delà même des soixante points.
Le Four Nations Championship a gagné ses lettres de noblesse au milieu des rejetons de la monarchie anglaise, introduit désormais dans le Temple le temps d’une fin de semaine pluvieuse et froide. Les conditions météorologiques, l’automne londonien, n’ont pas refroidies ni gênées les ardeurs. Nous avons assisté à deux immenses rencontres, et à chaque fois les plaques telluriques s’entrechoquant ont fait trembler le stade, certes, mais surtout bougé les lignes comme sans doute jamais dans l’histoire ovale.
Le rugby, à ce niveau d’expression et de pression, est une science physique. Sans gros plan,  depuis les cintres du stade de Twickenham, on voyait bien que ça tapait fort. Très fort. Pour que les Springboks finissent genoux à terre, exténués, dans leurs vingt-deux mètres, en essayant de remonter le terrain et deux points de retard dans un ultime effort, il fallait bien que les All Blacks leur aient infligé une terrible sanction aux points d’impact.
Les Argentins, qui ont détruit l’Irlande, furent incapables d’inscrire le moindre essai, le lendemain, fracassés au plaquage par les Australiens. Cinq Pumas sortis du terrain brisés et remplacés pour preuve de la violence des rencontres, et celui qui est resté, l’arrière Tuculet, avait le nez cassé. Pour autant, il serait vain de ressortir l’aspect marquant de ces demies en occultant les qualités techniques exprimées. Et surtout l’engagement mental et les plans de jeu. L’écrivain Benoit Jeantet parle même (d’)ailleurs d’Outrerugby dans l’intervalle exprimé par Pierre Soulages tant la matière, compacte, est lumineuse.
Quatre équipes, quatre nations, quatre façons d’aborder un match couperet, quatre visions du rugby. Samedi prochain, le champion du monde laissera une empreinte. «Les All Blacks, c’est ce vers quoi on doit tendre,» dit l’ancien ouvreur de la Rose, Stuart Barnes, amoureux déçu du French Flair. Mais tous, entraîneurs, journalistes, observateurs, passionnés, sont tombés sous le charme de ce coquin de Michael Cheika. On y reviendra.

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Toujours pas ensemble

Le fiasco est encore chaud que la FFR et la LNR s’agitent des communiqués devant le nez. Au lieu de travailler de concert. Encore une fois, les intérêts particuliers passent avant l’intérêt général. Par ici des contrats fédéraux, par là je me désolidarise. Marcoussis versus Top 14, filière bleue contre recrutement étoilée. Ça doit quand bien les faire marrer, Dan Carter et Ma’a Nonu, ce Clochemerle. Qu’ils en profitent, parce que dans deux semaines, ils vont tomber au milieu des règlements de comptes à KO querelle.
Franchement, la faute à qui ? A Philippe Saint-André, bien sûr. Mauvais sélectionneur, manageur peu entraînant. A ses adjoints, Patrice Lagisquet et Yannick Bru, qui ne voient pas le même jeu. A cette préparation physique miraculeuse, croyait-on, mais trop axée sur le classement du meilleur grimpeur. Au Top 14 qui recrute trop de bons joueurs et affaiblit nos moyens. A Marcousis qui cuit trop bleu et pas assez saignant. Au président Camou trop silencieux. Au président Goze, trop bavard. A Blanco trop gros, et au palmarès trop mince de ces quatre saisons. Les analyses post-mortem ressemblent à des inventaires à la Prévert, la poésie et le raton-laveur en moins.
J’ai vu Philippe Saint-André œuvrer comme joueur et capitaine du quinze de France, puis comme entraîneur à Gloucester, à Bourgoin et à Sale. Il a toujours cherché à construire en s’inspirant de l’architecture anglaise : un directeur de rugby, des techniciens par secteurs, des joueurs matures et responsables, un fond de jeu simple (conquête, défense, occupation du terrain) sur lequel poser un buteur fiable et quelques combinaisons efficaces. Rien d’inabordable ni d’excentrique. J’y ai cru, même quand il m’a avoué hériter «d’une petite génération», obligé de recruter hors frontières, Atonio, Le Roux, Kockott, Nakaitaci, Spedding. Parce qu’il a ajouté, juste après : «Mais on peut y arriver». Il n’y est pas parvenu. Ce ne sont pas les soixante points encaissés face aux All Blacks en quart de finale qui me plombent mais la défaite en poule contre l’Irlande privée de Sexton et d’O’Connell. Ce jour-là, les joueurs ont lâché le match.
Pas de cœur, pas d’âme, pas d’envie. Qu’on ne me dise pas qu’ils étaient fatigués, que le Championnat de France les ruine : dans le même temps, Géorgiens, Roumains et Argentins de chez nous ont brillé, séduit et fracassé la ligne d’avantage. Les Ecossais, fierté de l’hémisphère nord, n’ont pas de Championnat, pas de réservoir, peu de ressources. Ils sont allés recruter sept mercenaires dont certains n’avaient aucune idée où situer les Borders sur une carte. Mais ils ont tous joué pour le maillot, dixit leur coach Cotter, pour l’idée qu’ils se font d’une équipe, parce que le mot «ensemble» a pour eux un sens.
Ensemble. Voilà sans doute ce qui caractérise le mieux le rugby. Quand l’Angleterre, éliminée dès la phase de poules d’une compétition qu’elle organise, crée une commission pour essayer de comprendre comment son XV de la Rose a pu tomber aussi bas (dans une poule qui comprenait l’Australie et le pays de Galles, tout de même), la France se lance dans la guerre des communiqués ; à qui aura la meilleure idée pour ne pas donner l’impression de n’en avoir eu aucune, ou alors des mauvaises, pendant quatre ans.
Guy Novès commence son mandat le premier novembre. Il va porter une faute originelle avant même d’avoir annoncé sa première liste : il été choisi par deux personnes, Pierre Camou et Serge Blanco, alors qu’une commission de sept membres devait l’élire. Il n’avait envoyé qu’une simple lettre de déclaration d’intention alors qu’à ma connaissance au moins trois entraîneurs, Fabrice Landreau, Fabien Galthié et Raphael Ibanez, avaient concocté un programme de travail précis et étayé, impliquant en synergie la DTN, les clubs et les différentes équipes de France, dans tous les registres : préparation physique, développement, communication, encadrement, jeu, innovations technologiques…
Quand bien même Novès parviendrait – il en est capable – à imprimer rapidement et efficacement sa touche personnelle là où tous (Fouroux, Dubroca, Berbizier, Laporte, Lièvremont, Saint-André) ont échoué depuis trois décennies, il ne resterait dans l’Essonne que deux ans, le temps que Bernard Laporte, annoncé haut et fort président de la FFR, se choisisse un fauteuil, un bureau et un nouvel entraîneur national. Perseverare diabolicum.

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Jusqu’à l’hallali

Pas souverains en mêlée, inexistants sous les coups de pied de renvoi, secoués sur les impacts, trop de plaquages manqués, Michalak contré au premier dégagement, des lancers en milieu d’alignement facilement détournés. Et Jonah Lomu bis, Julian Savea, qui marque en puissance, explosant trois Français en quatre foulées. Nakaitaci, Spedding et Slimani sur le cul pendant que Picamoles, auteur de l’essai de l’espoir, souffre de la hanche. 29-13 à la pause.
Ou boire le calice jusqu’à l’hallali. Défaite contre l’Irlande (24-9) alors que Philippe Saint-André en avait fait le tournant de son médiocre quadriennat. Marée noire à Cardiff, 41-13, là même où huit ans plus tôt, une équipe de France s’était montrée à la hauteur de sa réputation. Deux rendez-vous manqués. Manqué, complétement, comme le mandat de Saint-André.
J’y ai cru, pourtant. Cru que PSA serait capable d’insuffler son esprit de compétiteur au XV de France, cru que les quatre années de tâtonnements seraient contre balancées par une Coupe du monde de qualité. Hélas, le désastre est total. Pas un domaine dans lequel puiser un début de satisfaction. L’horreur et le néant.
Certes, cette génération est minuscule. Qui, parmi les Tricolores d’aujourd’hui, peut revendiquer une place dans un XV Mondial ? Personne. Alors dans un Quinze bis ? Toujours personne. Il y aurait des Japonais, comme Goromaru et Leitch, Gorgodze, mais pas de Français. Surtout pas Dulin, Naikataci, Maestri, Papé, Michalak, Dumoulin, transparents, dépassés, nuls parfois. La catastrophe des sélections.
A l’heure de jeu, la France a craqué. Les piliers kiwis perçaient au milieu de piquets rouges. La honte. Même en 1991, battus par les Anglais en quart de finale, les Tricolores s’étaient battus jusqu’au bout. Là, samedi soir, à Cardiff, où sont passés l’honneur et la fierté, à défaut de fond de jeu et de plan tactique ? Au fond de la rivière Taf.
61-10. 9 Juin 2007. Tournée abandonnée à Wellington. Castaignède, Califano, Papé, Pierre, Chouly, Magne, Chabal, Ouedraogo, Ibanez et Mas portaient le maillot bleu. Fiasco anecdotique. A Cardiff, ce 62-13 entre dans les annales. Jamais quart de finale de Coupe du monde n’a été aussi disproportionné. La France est devenue une nation de Tier 2. Au moins, la Namibie avait inscrit quatorze points contre les All Blacks en match de poule, le 24 septembre, au stade Olympique. Un de plus que ces Tricolores. On riait presque jaune de voir Ma’a Nonu, trente-trois ans, sprinter comme un junior en fin de match. Et Talès sortir le ballon hors des limites du terrain pour éviter le dixième essai «historique».
Croisé dans la salle de presse de Twickenham, vendredi, l’ancien ouverture du XV de la Rose, Stuart Barnes, m’avouait ne «pas souhaiter que cette équipe de France battent les All Blacks. Il ne le faut pas. Pour le rugby. J’adore le jeu à la Française mais là, cette équipe de France ne sait pas jouer. Il faut au contraire que ce soit la Nouvelle-Zélande qui l’emporte. Parce que les All Blacks se font des passes, mettent du mouvement, de l’intelligence, et c’est vers ça qu’il faut tendre. J’espère même que cette équipe sera écrasée et disparaitra de la compétition, et qu’on en parle plus. Et Dieu sait si j’aime la France et son rugby. Mais là, elle représente tout ce que je déteste.»  Le score et le contenu de ce quart de finale lui donnent raison.
Je m’attends pour ma part à un tombereau de critiques sur mon incapacité à percevoir la réalité, et ça sera sans doute pleinement justifié. On me reprochera mon soutien à ce XV de France pendant quatre ans, mon absence de remords et le faible degré de pertinence de mes jugements. Et à ce que ma chronique d’aout 2011 – la deuxième de ce blog – ressorte comme un geyser. L’heure est aux boucs-émissaires. Aux clous qu’on plante sur ma croix. De Saint-André.

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Remember Auckland

Pour être la première fois champions du monde, les All Blacks s’étaient motivés à l’extrême dans leur vestiaire de l’Eden Park avant la finale. «Rappelez-vous de Nantes ! hurlaient Wayne Shelford et quelques autres. Rappelez-vous ce qu’ils nous ont fait !» C’était en 1987. Ian Borthwick avait immortalisé les propos dans Libération. L’année précédente, à Nantes, le XV de France de Champ, Rodriguez, Ondarts, Lorieux, Dubroca, leur était passé dessus. Ils en portaient les stigmates, Shelford une cicatrice sur le scrotum. Les Français, regrettaient les Kiwis, avaient tracé une ligne rouge.
Il faut avoir suivi les tournées tricolores en Nouvelle-Zélande pour savoir qu’au pays du long nuage blanc tel était le tarif. Chaque adversaire qui dépassait la ligne noire, celle du hors-jeu, avait droit à un traitement cramponné. Les joueurs sortaient, au mieux, avec le dos et les cuisses striés, parfois sur quarante centimètres. Ca s’appelait le rucking. Personne ne pleurait. Et les Maoris adoraient. Rotorua, 1989. Je me souviens d’un match entre Bay of Plenty, – terre de bucherons en ciré jaune – et le XV de France du mercredi. Tordo, Gallart, Chabowski, Roumat, Béraud et Pujolle avaient rendu la loi du talon. «Un match comme ça, dans le Championnat de France, on ne le termine pas. Ou alors à 10 contre 10, avec cinq expulsés de chaque côté», souriait le Varois Marco Pujolle, spécialiste de la génuflexion dans les mauls.
Ce jour-là, sous la pluie, tout le monde s’était régalé. Les joueurs kiwis s’étaient rendus dans le vestiaire français dès le coup de sifflet final. Les Français, surpris, ne savaient pas à quoi s’attendre tant ce match avait été âpre, euphémisme pour violent. En fait, ils venaient fièrement échanger les maillots avec un adversaire qu’ils jugeaient digne d’éloges. «On a perdu au change, se marrait Tordo, après coup(s). Parce qu’à force de leur marcher dessus, leurs maillots étaient déchirés… »
On passera sur 1999 (Twickenham) et 2007 (Cardiff) pour aller directement sur 2011. Eden Park d’Auckland. Essai de Woodcock : deux joueurs français sont retenus par le maillot dans l’alignement et les deux avants Néo-Zélandais forment écrans. Sortie de Parra : coup de genou et coup de poing simultanés signés McCaw. Pas vu pas pris hors-jeu et pas sanctionné d’un rucking non plus sur sept rucks dans les vingt dernières minutes. Pas la moindre pénalité, pas le moindre but à se mettre sous le pied. Si, quarante-cinq mètres face aux poteaux, et Trinh-Duc dans un péché d’orgueil souhaite le frapper alors qu’il ne bute pas d’habitude, et que Damien Traille vient d’entrer à l’arrière pour ça.
Se souvenir d’Auckland, donc. Agréger les injustices subies pour les transformer en énergie vitale ; sublimer le sentiment de revanche. En un mot : exister. Enfin. Après quatre ans dans l’ombre. Chercher la lumière. Bleue. Samedi soir, dans l’antre du Millennium. Imaginez ce que vont dire et penser Morgan Parra, Pascal Papé, Thierry Dusautoir, mais aussi Szarzewski, Mas et Picamoles qui étaient de l’aventure bleue sur l’île du long nuage blanc. Sentez peser leurs regards noirs. Eux savent et vont transmettre. Il est possible de faire trembler une nation par un point d’écart. Les All Blacks ne sont pas invincibles. Malgré tout ce qu’ils annoncent, ils craignent le XV de France. Depuis toujours. Pas à chaque match. Une fois suffit. Samedi ?

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Décoiffés au poteau

L’instantané est terrible. Le demi de mêlée irlandais Murray appuie le ballon sur la base du poteau pendant que les Français sont sur leur ligne d’en-but, hagards. Battus, et pour finir débordés, emportés. Terrible constat : quatre ans pour rien. Pour une défaite en match de poule contre l’Irlande, deux fois vainqueur du Tournoi. Le bilan chiffré de ce Mondial est meilleur qu’en 2011, mais le contexte est totalement différent.
Cette fois-ci, contrairement à Wellington, l’objectif était clair : terminer premier de poule pour affronter l’Argentine en quart. Et bien c’est foutu. Il faudra se coltiner les All Blacks ! Mais il n’y a pas que ça de foutu. Tout ce qu’a annoncé Philippe Saint-André était donc bidon ?  Difficile à accepter. Le « nous serons prêts » n’était que de la méthode Coué ? Le XV de France présente une mêlée en carton, une touche désarticulée, pas de jeu de ligne, aucune animation à part autour de Frédéric Michalak, le seul à avoir du génie dans cette équipe, et un début de relance autour de Scott Spedding, l’un des rares avec Louis Picamoles (merci M. Pasquier) à avoir vraiment envie d’attaquer.
Comment une équipe de France préparée et affutée a-t-elle pu craquer ainsi ? Incapable de profiter des sorties sur blessure des leaders irlandais, Jonathan Sexton pour la stratégie, Paul O’Connell pour l’esprit. Je veux bien que tout soit de la faute de PSA, il a sa part, et elle est large et épaisse, mais on a vu des joueurs français battus physiquement, abattus mentalement, et pour finir brisés. Pas de révolte, pas d’énergie positive, rien sur la fin. Rien sur la faim.
Voilà un des plus mauvais matches de l’ère Saint-André et il y en a eu, des daubes, pendant quatre ans. Et au pire moment. Car là, pas d’échappatoire, c’était LE rendez-vous annoncé. Et au bout quoi ? Un fiasco majuscule. La grosse claque. La question, maintenant, est de savoir si ces Tricolores-là, qu’on dit et qu’on voit sans âme, seront capables de rebondir, de se redresser, de se relancer, de se sublimer ? Ils l’ont déjà fait. En 1999 à Twickenham face aux All Blacks ; en 2007, à Cardiff et en quart contre ce même adversaire. En 2011, en quart contre les Anglais. On peut encore y croire. Papé, Dusautoir, Mas, Szarzewski, Picamoles, Parra… C’est à eux, maintenant, de jouer. Et l’espoir demeure.

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Everest

Partir tôt, d’accord, mais pour aller où ? Stuart Lancaster était prêt, ses joueurs d’aplomb, ses choix multiples. L’Angleterre organisait alors forcément, ce serait mieux que partout ailleurs. C’est vrai qu’elle est fluide, cette Coupe du monde, les bénévoles souriants, le process huilé, mis à part la circulation autour et vers Twickenham. Rien de grave, on partira à pied de Richmond. La vue des berges de la Tamise peintes par William Turner est plaisante.
On apprécie aussi  que le président Nelson Mandela soit entré samedi dans le Hall of Fame de la World Rugby. Annonce effectuée à Newcastle par le président Lapasset, et François Pienaar au soutien. C’est bien pour l’ex-IRB d’avoir un peu de vernis mais Madiba appartient à un panthéon bien plus relevé en compagnie du Mahatma Gandhi et de Martin Luther King, pour ne choisir que deux de ses coéquipiers. Chris Robshaw, lui, ne risque pas d’y faire ne serait-ce qu’une apparition. Pour le capitaine anglais, ce sera plutôt le Hall of Shame.
Se réjouir ou pas ? Tendre la main en lançant «Sorry, good game» ? Se dire qu’un peu d’humilité ne fait pas de mal à ceux qui ne perdent jamais à ce jeu mais parfois ne gagnent pas ?  L’Australie et le Pays de Galles, enjoués, ont bien mérité d’un quart de finale. L’Angleterre n’est pas le monde quand bien même elle l’a dominé, souveraine sur les vagues, et lui a donné sa langue à partager. Au fond du buzz on claquerait bien Sir Clive pour avoir dit que «les Australiens ne sont pas les plus malins» et ce petit prick de Cipriani qui considére qu’ «aucun Australien n’a sa place dans le XV d’Angleterre.» Ils ont raison : l’Australien est doué de ce que les musiciens appellent le rubato et aucun n’a sa place dans l’équipe rose parce qu’elle n’est pas assez bonne.
Le diffuseur, qui choisit quelle petite nation doit se coltiner trois matches en dix jours afin de préserver les affiches de ses prime-time, va perdre 1,5 millions d’euros à chaque retransmission désormais, et l’économie anglaise quelque chose comme 3 milliards de livres sterling à la louche dans les pubs, les restaurants et les centres commerciaux. L’argent va au succès, les factures au fiasco.
Mon copain Jason Leonard étrenne dans la douleur ses galons de président de la RFU, Stuart Lancaster aura du mal à retrouver du boulot sur le terrain et Chris Robshaw une place à l’aile de la prochaine troisième-ligne anglaise. Allez chercher de l’eau à la fontaine : rien ne sert de courir trop tôt à point au risque de partir prématurément.
Jeudi dernier, pour se changer les idées, Stuart Lancaster est allé voir Everest au cinéma. Il a vraiment la scoumoune, lui… L’histoire d’une expédition qui part pour atteindre le sommet le plus élevé du monde mais dont les premiers de cordée meurent à l’aller et au retour. Par orgueil, mauvais choix, aveuglement, frustration, prétention, négligence, fatigue… Pas sûr qu’il achètera la version Blu Ray, Stuart.

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La note bleue

La BBC n’a pas montré une seule image de la victoire du XV de France, 41-18, sur le Canada, jeudi soir. Pas assez glamour, rien de couleur locale. Il n’y en a que pour l’Angleterre en plein doute, le Pays de Galles dans l’ivresse et des Fidjiens retrouvés au meilleur de leur flair en gagnant aussi – formés au Premiership, Super Rugby et Top 14 – l’impact en mêlée. Que ces damnés Froggies se baladent avec trois victoires en autant de matches quand les sujets de sa Gracieuse sont au bord de quitter leur Mondial par la porte du garage fait grincer des incisives du côté de Richmond.
Cinq essais, le bonus offensif donc, face aux Canadiens ? Mission presque remplie. Philippe Saint-André avait promis un huitième de finale officieux pour décrocher la première place de cette poule D afin d’éviter les All Blacks en quart à Cardiff. Ce sera le cas. Il avait annoncé des Tricolores en pleine bourre pour l’échéance mondiale : là aussi, c’est confirmé ; les Tricolores enchaînent crescendo. Le Goret souhaitait enfin un banc de remplaçants capables de faire une différence : c’est le cas.
Hier vilipendé pour avoir oublié François Trinh-Duc, il a placé sa confiance en Frédéric Michalak ; comme ouvreur, leader, animateur, buteur. Le Toulonnais lui a rendu au centuple, devenant même le meilleur réalisateur français en Coupe du monde. Ce qui fera peut-être de lui, comme Thierry Lacroix à qui il succède, un commentateur avisé lors de l’édition 2019. Le carnet de route fonctionne à la lettre. H comme les poteaux de Milton Keynes entre lesquels Michalak a tout fait passer, jeudi soir.
Passons à la lettre I. Comme interrogations. Pourquoi deux gros trous d’air, un durant chaque mi-temps ? Et comment peut-on laisser un adversaire modeste bien que courageux et déterminé inscrire deux essais en quatre minutes, puis deux buts de pénalité en début de seconde période et passer de 0-17 à 18-24 ? Absences coupables qui se paieront beaucoup plus cher, dimanche 11 octobre. I comme Irlande donc. Qui va affronter l’Italie le 4 octobre. Les Transalpins, vexés par leur parcours minable, font de ce match leur finale à eux. Ont-ils les moyens de faire se cabrer l’Erin ?
Dans cette pièce de théâtre aristotélicien, unité de lieu, de temps et d’action, l’acte II s’est ouvert sur Galles-Fidji de toute beauté. Il se poursuivra avec Afrique du sud-Ecosse, Angleterre-Australie, Samoa-Ecosse, Argentine-Tonga, Irlande-Italie, Australie-Galles et France-Irlande. Onze jours et sept matches pour savoir de quoi sera fait l’acte III, quelles surprises il nous réserve. En attendant de sentir le sol trembler samedi à Twickenham.
Ecoutons la note bleue. Elle s’accorderait presque au projet. Mais  trop de couacs et de coups foirés, d’occasions anéanties, de déchets, des vices minuscules mais qui mis bout à bout laissent une impression d’inachevé. Jeudi, à Milton Keynes, il y avait tout pour battre le record de points des Australiens face à l’Uruguay, dépasser le 65 au compteur. Si la France semble avoir de la suite dans les idées, son jeu manque de continuité, son sérieux de constance, son engagement de rigueur. Il faut juste espérer qu’une semaine pour rassembler ce qui est épars sera assez. Cela dit, si vous voulez mon avis et si non je vous le donne quand même : il vaut mieux affronter la Nouvelle-Zélande en quart que les Argentins.

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L’épreuve du jeu

Une équipe, à de rares exceptions, ne fonctionne pas en autonomie. Ou alors pas longtemps. Pendant trois semaines, tout au plus. Et pour des événements particuliers. Comme le phase finale du Championnat, en ce qui concerne le Stade Français. Et encore Bernard Laporte, alors sélectionneur du XV de France, venait-il donner en cachette quelques conseils à ses anciens joueurs. Ou la phase finale de la Coupe du monde, version 1999 et 2011 pour les Tricolores. L’homme-clé, très souvent, s’avère être l’entraîneur.
En 1990, Bob Dwyer avait demandé à ses joueurs de sabrer le champagne à un an jour pour jour, heure pour heure, de leur sacre mondial, arguant que tout avait été préparé en amont, calibré, pensé, organisé. Et qu’il n’y avait plus qu’à gagner les matches. En 1991, l’Australie devenait pour la première fois championne du monde. J’avais suivi leur aventure depuis 1988 et le succès aussie à Strasbourg. Dwyer avait établi des relations de bonne intelligence avec ses joueurs, dans la plus grande sérénité. Et une bonne dose d’humour.
Après deux semaines de Coupe du monde 2015, le Pays de Galles, le Japon, l’Afrique du sud et l’Australie nous rappellent l’importance du coach, du manager, du technicien. Comment fonctionnent-ils, ces grands entraîneurs, Warren Gatland, Eddie Jones, Heyneke Meyer, Michael Cheika ? Avec quel leviers parviennent-ils à entraîner leurs joueurs ?
En traînant dans la salle de presse du Villa Park de Birmingham, samedi, j’ai retrouvé trois vieilles connaissances : George Gregan, François Pienaar et Sean Fitzpatrick. Nous avons longuement échangé autour d’un sandwich au fromage et d’un café transparent. Pienaar avouait à quel point il aimait cette équipe de France qui débarquait de nulle part et allait surprendre tout le monde ; à quel point il aimerait en être le capitaine. Il sentait, intuitivement, que les joueurs Français n’attendaient qu’une étincelle pour s’enflammer. Il aurait aimé leur transmettre. Ses yeux pétillaient en disant cela.
Il nous raconta comment, lorsque Kitch Christie, son entraîneur avec le Transvaal et les Springboks, subissait une chimiothérapie, s’était créé un lien unique entre eux. Une lien de confiance absolue. Quelque chose qui n’avait pas de mots pour être traduit. Pienaar et Christie échangeaient brièvement sur la tactique. Les grandes lignes, les tendances, quelques innovations. Christie pensait que la clé appartenait aux joueurs. Pienaar reconnaissait que ce lien entre le coach et lui était à part. Difficilement transposable dans un autre contexte.
Gregan, Fitzpatrick et Pienaar se rejoignaient sur un point : en poule A, Angleterre, Australie et Pays de Galles allaient perdre une fois chacun lorsqu’ils s’affronteraient. Et que les bonus feraient la différence. On verra samedi soir s’ils ont raison, les anciens champions du monde. En attendant, écouter leurs avis éclairés, les anecdotes qu’ils échangeaient, leurs regards sur tel ou tel joueur, comme par exemple sur Louis Picamoles, dont ils assurent qu’il sera l’une des révélations de ce Mondial, fut un de ces moments magiques que nous réserve souvent la Coupe du monde et que je voulais partager avec vous.
Eddie Jones, Warren Gatland, Heyneke Meyer et Michael Cheika ont aussi des choses en commun. Ils croient en leur système de jeu. Il faut entendre Eddie Jones raconter comment il a expliqué aux Japonais la façon dont ils battraient les Springboks, à Brighton. Puis Heyneke Meyer assurer à ses joueurs que s’ils suivaient son plan ils vaincraient sans difficulté les Samoans à Birmingham. Warren Gatland, lui, après avoir compté les blessés et rappelé en catimini quelques internationaux hors groupe pour assurer l’opposition lors de la dernière séance tactique collective de terrain avant d’affronter l’Angleterre, sut insuffler assez d’énergie à son équipe, alors décimée, pour arracher une victoire époustouflante à Twickenham.
Reste Michael Cheika. Lui, il ne dit rien. Il bosse dans son coin. Seul coach au monde à avoir remporté la Coupe d’Europe et le Super Rugby, il reconstruit doucement mais sûrement une équipe wallaby traumatisée, désunie, orpheline. Samedi, il saura enfin s’il a bien travaillé. Avant cela, jeudi, à Milton Keynes, le XV de France passera lui aussi sa première vraie épreuve du jeu. Nous aurons donc de quoi échanger, nous aussi, à la lumière de ces rencontres.

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Sur le tas

Premier constat à l’issue d’une semaine de Mondial : les nations majeures semblent apprendre en jouant. Mis à part l’Irlande, qui a su se débarrasser du Canada, l’Argentine qui a tout donné face aux All Blacks sans parvenir à l’emporter, et l’Ecosse qui a expliqué aux Japonais – un peu sur les rotules, c’est vrai Mathieu, après avoir amoché les Boks – ce qu’étaient les fondamentaux de ce jeu, les autre membres du G8 ont pioché. Et la palme du coup de pelle dans le vide revient au XV de France, horrible vainqueur de la Roumanie après avec été un gagnant maladroit face à l’Italie.
Anglais, Gallois, Australie et Néo-Zélandais s’en sortent sans convaincre, quand les Sud-Africains, bouffis de morgue et désormais têtes basses, se sont déjà inclinés. On peut donc se poser la question de savoir à quoi  servent quatre ans pour bosser et sélectionner si les Japonais nous ont montré que cinq mois suffisent pour réussir un coup ? Bémol : ce coup d’épée ne touchera sans doute que l’eau car au calcul des bonus, Sud-Africains et Ecossais devraient terminer en tête de cette poule B, les Samoans y jouant le rôle d’arbitre.
Brouillon puis bouillie. Que nous réserve ensuite le XV de France face au Canada, jeudi 1er octobre à Milton Keynes, l’antre anglais de la Formule 1 ? On parlera de réglages à effectuer, forcément. Mais malgré ses flèches noires, Fofana, Fickou et son aérodynamique Guitoune, la France est loin de son meilleur tour en piste. Alors de là à imaginer décrocher la pole-position… A ce rythme-là, elle est promise à l’Irlande et nous irons à Cardiff le 17 octobre pour rêver d’un nouvel exploit, huit ans après celui d’une nuit de folie où l’on s’était mis sous le toit.
On va faire court, à l’image de cette première semaine mondiale. Qu’avons-nous aimé ? Le Japon. Mais après Brighton, il s’est fait jeter. Quatre jours pour affronter l’Afrique du sud puis l’Ecosse, c’est inhumain et injuste. «That’s not cricket», dirait notre ami Brian Moore. Les Japonais, qui ont enflammé ce début de compétition, n’ont pas ce qu’ils méritent. Cela dit, il n’est pas certain qu’avec trois jours supplémentaires, ils seraient parvenus à battre cette équipe d’Ecosse made in Cotter, vive, intelligente, adroite, rusée. Mais au moins ils auraient eu toutes les chances.
Nous verrons bien dimanche comment les Irlandais vont s’y prendre avec cette Roumanie. Avant cela, il y aura surtout deux gros chocs : le tellurique Afrique du sud – Samoa, et ne vous attendez pas à du bonus offensif ; suivi d’un spectaculaire Angleterre-Galles, premier vrai tournant de cette Coupe du monde. Puis il nous faudra rejoindre Milton Keynes par une route sinueuse et mal carrossée.

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